CONTENU: · PREFACE (page
3) · 1) SYNTHESE
HISTORIQUE (page 4) · 2) OÙ EN EST
LA LAICITE ? (page 6) · 3) QU’EN
PENSENT LES ANTI-LAIQUES ? (page 7) · 4) L’EGLISE ET
LES ETATS AUJOURD’HUI (page 10) · 5) DANS UNE
REPUBLIQUE LAIQUE, LA NEUTRALITE DE L’ETAT EST-ELLE POSSIBLE ? (page 12) · 6) COMMENT
FAIRE VIVRE LA REPUBLIQUE LAÏQUE ? (page 13) PREFACE
La Libre Pensée ne conçoit la Laïcité que comme institutionnelle, c’est à dire codifiée juridiquement par les séparations des églises et de l’Etat. Elle nous semble consubstantielle aux deux
autres : la République et la Démocratie. Pour autant, dans les pays qui ne sont ni des Républiques,
voire même pas des Démocraties, Comment peut s’affirmer l’exigence
Laïque ? Comment aller de situations où il y a des concordats ou des
religions d’Etat, vers notre idéal de séparation des églises et des Etats en
Europe et dans le Monde ? La Loi de 1905, ne saurait être un modèle à prendre
« Clé en main », mais comment peut-elle être une référence dans le
combat international Laïque de l’I.H.E.U. et plus particulièrement du Comité
International de Liaison des Athées et
des Libres Penseurs ?
SYNTHESE HISTORIQUE La laïcité, un long combat
OÙ EN EST LA LAICITE ?
« La République ne reconnaît aucun culte », mais
elle les connaît tous, proclamait la Loi de 1905 sur la séparation des Eglises
et de l’Etat. Mais rien n’est jamais acquis, un siècle plu tard, la
République boite depuis que le Conseil d’Etat a rendu son avis le 27 novembre
1989 suite à la première affaire du « foulard islamique », Cet
avis est en effet pervers de l’article 10 de la loi Jospin de 1989. Depuis, une vingtaine de contentieux a fait jurisprudence,
considérant qu’il est interdit d’interdire. Le Conseil d’Etat a autorisé le « port
du voile » pour les jeunes filles musulmanes scolarisées au sein
des établissements d’enseignement public. Aux conditions que cet acte ne soit
ni : ·
Ostentatoire, ·
Prosélyte, ·
Constitutif de
troubles de l’ordre public. Et
à la charge des professeurs d’apprécier
la teneur des distinguos. Ce n’est pas une éventuelle nouvelle loi qui
permettra de préserver le caractère laïque des établissements publics. D’où viennent tous ces renoncements ? Peut-être des cohortes qui ont véhiculé le « Droit à la
différence » (Ethnique, religieux, sexuelle, régionale, et j’en passe). Le
résultat est éloquent, comme le résume Alain FINKIELKRAUT : « La France est de moins en moins une
Nation riche d’un passé qu’elle ouvre à tous, et de plus en plus une société de
plaignants soucieux de leurs droits et vivant qu’au présent ». On peut retenir, qu’aujourd’hui, entre désarroi et
exaspération, la majorité des acteurs de terrain (enseignants, proviseurs,
militants associatifs, éducateurs, animateurs, parents d’élèves,
etc.)s’accordent sur ce diagnostic : ·
Les signes
d’appartenance religieuse, philosophique et politique portent atteinte
à la Laïcité de l’école publique, au respect des options personnelles et à la
non-discrimination entre sexes. ·
La revendication de
ces ports, dessine les principes d’une campagne parfaitement orchestrée, visant
à introduire leurs idéologies, dans l’ordre juridique Français. Par exemple, il est indiscutable que les islamiques radicaux se sont engouffrés dans la brèche ouverte par le conseil d’Etat en 1989. Pour ma part, le problème de la Laïcité en France,
n’est ni un problème juridique ou religieux, mais surtout un problème
politique. QU’EN PENSENT LES ANTI-LAIQUES ?
Paru sur le site Internet
« SOS tout petit » et écrit par le Dr DORR CRIME CONTRE DIEU La laïcité révolutionnaire La
laïcité révolutionnaire — ou le laïcisme, sa forme de combat — est à l’opposé
de la conception chrétienne des rapports de l’Église et de l’État. Valeur
suprême de la République, source des lois, la laïcité est inscrite en tête de
la Constitution. Contrairement
à ce qui est souvent affirmé, elle n’est pas la séparation de l’Église et de
l’État mais la mainmise de l’État sur l’Église, et sur son bien propre, le
pouvoir spirituel : L’État se fait Église. Dans une séparation — ou partition —
chacun garde son bien et ses distances. Ici, il n’en est rien. Sous des dehors
de déférence, de protestations de neutralité ou même de bienveillance, l’État
ne cesse d’éliminer l’Église à son profit, ne voulant garder d’elle que son
fantôme. Rendez à César ce qui est à
César, et tout est à César, disait Clemenceau. L’histoire
de la Révolution et de la République est jalonnée d’actes imprégnés de cette
volonté : ·
Soit que l’État soumette l’institution ecclésiale elle-même. (Constitution
civile du clergé - 1790) .
Soit qu’il veuille la faire disparaître sans autre en fait. N’admettant que la
souveraineté populaire, refusant toute autre dépendance, la laïcité
révolutionnaire est la transcription politique, collective, du subjectivisme et
du péché originel. Cette
laïcité est à la fois le temple de l’arbitraire et celui de l’athéisme. Elle
est autant une désobéissance qu’un vice de l’intelligence. On pourrait croire
la laïcité d’aujourd’hui éloignée de son origine révolutionnaire, assagie,
modérée, moderne, respectueuse de tous. En réalité, le laïcisme ne s’est jamais
aussi franchement déclaré que dans les propos du Président de la République en
1995, suivant lesquels la loi morale ne saurait primer la loi civile. La
laïcité n’a jamais été aussi dévastatrice des cœurs et des intelligences. La
loi sur l’avortement, c’est elle. Aucun fléau, aucune guerre, aucune tyrannie
n’ont autant tué que le laïcisme dans ses œuvres. Est-ce bien ce qu’auraient
voulu Jules Ferry ou Jaurès? Le
ver était dans le fruit dès 1789. En fait, la République est déicide et
homicide dès son principe, dès la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen. L’avantage
de ces édifices laïcs est que, bâtis sur le subjectivisme, changeant par
définition, ils portent en eux-mêmes le germe de leur destruction. Fouché,
Tallien, Barras ne valaient pas plus cher que ceux qu’ils ont remplacés. À
quand Thermidor? Et
pourtant la démocratie fondée sur les élections et la participation des
citoyens à la vie politique n a en soi rien de répréhensible. Le mal vient de
la souveraineté du peuple. Un état, un régime quel qu’il soit, démocratie,
monarchie, empire, tyrannie, n’ont de légitimité que s’ils restent dans leur
domaine et respectent le droit divin et naturel. Laïcités
révolutionnaire et libérale sont très proches. La loi sur l’avortement est leur
fille. Pour les libéraux, la religion
est une affaire privée. La
démocratie grecque du temps d’Hippocrate et de Sophocle respectait les lois
inaltérables, écrites ou non écrites de la cité. Soumise à la loi naturelle,
elle restait à sa place. En France, pendant près de mille trois cents ans, la
monarchie de droit divin, malgré des dépassements et des excès, était soumise à
une règle reconnue par tous qui était à la fois la plus élevée et la plus
humaine qui soit, celle de l’Évangile. La
démocratie actuelle définit elle-même ses règles. Elle est à la fois fin et
moyen. Elle ne cherche pas la vérité mais l’opinion d’un moment. Elle nie,
néglige ou asservit la vérité. Livrée à elle-même, ne porte-t-elle pas dans ses
flancs Satan, Moloch, Sodome et Gomorrhe? L’Anti-Laïcité en SUEDELe 23 novembre 1999, les
autorités fiscales suédoises ont décidé d’accorder à l’Église de Scientologie
une exonération fiscale totale, attestant que l’Église était une organisation à
but non lucratif de nature religieuse. L’ADMINISTRATION
fiscale de Stockholm a déclaré que l’Église était une association idéaliste
agissant pour le bien public et qu’elle devait, par conséquent, être exemptée
de TVA et de l’impôt sur les sociétés. Dans
les documents qui accompagnent la décision suédoise, les autorités fiscales ont
décrit les activités de l’Église comme «
se composant, entre autres, de la vénération de Dieu, de services tels que les
cérémonies de baptême, les mariages et les funérailles, de conseil spirituel et
de l’étude des écritures de l’Église ». Aux yeux du fisc, l’activité
économique de l’Église fait naturellement partie de son objectif clairement
annoncé de bienfaisance et, de ce fait, l’Église est soumise au régime fiscal
exonérant les associations dont le but est de poursuivre des objectifs
religieux. Le révérend Heber C. Jentzsch,
président de l’Église de Scientologie Internationale, s’est réjoui de cette
décision qui est à la fois une reconnaissance du travail accompli par les
scientologues dans la communauté depuis plus de trente ans, et une nouvelle
confirmation du pluralisme religieux qui règne en Suède. Pour le fisc suédois, l’Église
est une association idéaliste agissant pour le bien public et doit, par
conséquent, être exemptée de TVA et de l’impôt sur les sociétés. « Le pluralisme religieux est le fondement des sociétés stables
que nous devons bâtir au siècle prochain. La Suède montre au reste de l’Europe
la voie à suivre en ce qui concerne la liberté de religion, et respecte le
principe de la séparation officielle de l’Église et de l’État », a-t-il déclaré. La
décision des autorités fiscales suédoises rejoint des décision similaires
prises aux États-Unis, en Australie et au Venezuela, et les récents arrêts du
Tribunal fédéral administratif en Allemagne et de la cour de Cassation en
Italie. Rappelons également qu’en novembre 1999, le tribunal administratif de
Stuttgart, en Allemagne, avait considéré l’Église de Scientologie comme une
organisation idéaliste dont les membres recherchent le salut. Pendant
des années, l’Église de Scientologie a fourni aux autorités fiscales suédoises
des preuves de son statut de communauté religieuse authentique. L’exonération
ayant été accordée quelques jours à peine après le trentième anniversaire de
l’Église en Suède, les Scientologues l’ont accueillie comme le cadeau d’anniversaire du gouvernement. « Nous regardons l’avenir avec
confiance et nous sommes déterminés à contribuer plus encore à un monde meilleur
», a déclaré Tarja Vulto,
porte-parole de l’église de Stockholm. L’EGLISE ET LES ETATS AUJOURD’HUI
L’Eglise conte très souvent la qualité révolutionnaire des apôtres, qui auraient changé la face du monde. Si une révolution est de rompre avec le passé pour un
meilleur avenir, ce n’est pas le cas de l’Eglise qui se flatte d’œuvrer pour
une société nouvelle, plus juste, plus humaine, et surtout, pus égalitaire. Les Eglises vont jusqu’à revendiquer un « JESUS »
Anarchiste, et un « MAHOMET » libérateur ; Ces derniers n’ont
jamais été des faiseurs de révolution et encore moins des facteurs de progrès
social. Par contre, elles se sont toujours placées aux cotés des plus riches et
des plus puissants. Exemples : ·
Soutiens aux différents régimes Fascistes (1929, entente
MUSSOLINI et le VATICAN pour la constitution d’un Etat Religieux
Indépendant ; 1937 le Vatican donne sa légitimité à FRANCO ; 1987,
Jean-Paul II félicite PINOCHET pour cet espoir de changement aimable qu’il a
fait pour le CHILI, etc.), ·
En France : L’inquisition (exemple de progrès social,
la Saint Barthélemy, le colonialisme religieux, etc.). ·
Etc. On peut constater que l’institution religieuse à toujours
été du coté des forces répressives depuis deux millénaires, pourquoi
devrait-elle changer ? Aujourd’hui, l’arrivée fleurissante des Démocraties dans le monde, et s’est un bien, oblige l’Eglise à s’adapté, notamment en rappelant aux différent dirigeants, la partie historique la moins honteuse du passé Chrétien, la finalité étant de maintenir l’allégeance de ces Etats. Naturellement, ces dernières ont prêté cette allégeance au VATICAN. Même Jacques CHIRAC n’hésite pas à déclarer : « mon émotion est faite du souvenir des liens historiques qui, depuis PEPIN LE BREF et CHARLEMAGNE, unissent la Nation FRANCAISE à la première Eglise de la Chrétienté. Ici, plus que partout ailleurs, la France se souvient de son titre de « Fille Aînée de l’Eglise » La France
renierait-elle son histoire laïque ? On constate que l’Etat et l’Eglise ont un besoin réciproque
l’un de l’autre pour masquer les différentes plaies de la société actuelle, à
défaut de les guérir. A titre d’explication NAPOLEON l’avait démontré ainsi : « Quand un homme meurt de faim à coté d’un autre qui est dans l’opulence, comment accepter cette différence si il n’y a pas une autorité pour lui dire que DIEU le veut ainsi, il faut des pauvres et des riches, mais qu'ensuite et pendant l'Eternité, le partage sera fait! » On constate que le double discours tenu par l’Eglise, s ‘articule entre allégeance et manœuvres pour contourner les lois des ETATS, tout en inventant une identité Chrétienne destinée à rapprocher les citoyens du Vatican et ainsi le détourner des lois laïques de son Pays, le but personnel de l’Eglise étant d’influencer la vie politique au mépris du bien être de ses ouailles.
DANS UNE REPUBLIQUE LAIQUE, LA NEUTRALITE DE L’ETAT EST-ELLE POSSIBLE ?
En France, la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905 stipule : «la neutralité de l’état en matière de religion est dans le fait que
l’état ne reconnaît aucun culte » . Grande a été la douleur du pape de l’époque, celui-ci a déclaré que c’était un évènement funeste pour la société civile et religieuse, il est allé comparé cet événement à un attentat contre l’église ; Une injure à DIEU fondateur des sociétés humaines. Et que nous devions, plutôt, vouer un culte public et social pour l’honorer. Pour PIE X, séparer l’église de l’état c’est séparer l’âme du corps, cela s’appelle la MORT. Si l’Etat n’accepte aucune référence religieuse, cela revient à dire qu’elle ne croie pas en l’existence de DIEU, et par-là même elle fait référence à l’ATHEÏSME. Un état laïque est donc, forcement ATHEE. En Conséquence, l’Etat ne pourra rester neutre face aux religions, car tout les opposes . Exemples : ·
La loi sur
l’avortement, provoque des clivages entre les citoyens laïques et les croyants, ·
La reconnaissance
à travers le PACS, de l’Homosexualité, unions et comportements contre nature
pour les Chrétiens, ·
La neutralité des
enseignants, ·
La prise de
préservatifs pour lutter contre le SIDA, alors que le pape prêche pour
l’abstinence et la fidélité (à dieu), sans se soucier des autres éventualité
comme la contamination par viol, ou transfusion sanguine, etc. ·
Le mariage des
divorcés, ·
La non croyance
au bien et au mal, et donc à Dieu et Satan, ·
Etc. L’Etat doit donc rester LAÏQUE. COMMENT PEUT
S’AFFIRMER L’EXIGENCE LAÎQUE ?
Il s’agit, tout d’abord de faire une distinction entre
laïcité : principe, valeur philosophique, humaine qui unit le
« Laïos » (peuple) et un système laïque : conception de
gouvernement, souci de la Res Publica. A vouloir ne privilégier que le système laïque, on peut
assister à des dérives. Partons du peuple constitué d’individus. Certains
croient en un dieu, d’autres en plusieurs. Certains ne croient en aucun,
d’autres se posent la question d’une existence ou d’une non-existence. Face à
une telle diversité, une démocratie, soucieuse, par essence, de l’égalité des
droits de chaque homme, reconnaît à tous la liberté de conscience. Une
république, soucieuse de la chose commune, restera, elle, neutre et ne
privilégiera aucune option. Elle se retire du débat en disant que seule
l’intéresse la chose publique et elle rejette la question de la croyance dans
la sphère privée. Regardons la loi de 1905. « La République assure la
liberté de conscience » dénote un souci de démocratie. « La
République ne reconnaît, ne salarie, ne subventionne aucun culte », elle
se met en recul. C’est une définition de la laïcité par la négative. Dans son
souci de ne s’occuper que de la sphère publique, la République omet la
dimension individuelle. Entendons-nous bien. Notre propos n’est pas d’opposer
république et démocratie, de critiquer négativement la loi de 1905. Celle-ci
est nécessaire. Elle est le résultat d’un long processus de laïcisation de
l’appareil d’état. Mais ce socle, auquel il ne faut pas toucher, en France,
est-il suffisant pour promouvoir, développer la dynamique laïque ? Quand
au couple démocratie-république, la dialectique qui le porte est sans doute le
garant de la valeur du citoyen dans la cité. Réintroduire une dimension individuelle, c’est prôner une
laïcité qui affirme un souci d’autonomie intellectuelle et cherche à créer les
conditions existentielles d’un accomplissement de soi. Qu’elle affirme
également l’égalité des droits semble alors une évidence. Une telle émancipation laïque ne se réduit pas à un discours
juridique minimal, ni même à une simple abstention de l’Etat. Il doit affirmer
avec force que ce qui n’est que de certains ne peut s’imposer à tous et les
références communes doivent être affranchies de toute tutelle. Pour cela, il
que la puissance publique soit dévolue à tous (démocratie) et mette en avant ce
qui unit (laïcité). « Il s’agit de promouvoir activement à la fois ce qui
met la puissance publique à distance des divers groupes de pression, et ce qui
émancipe la raison potentielle des hommes de toutes les captations ou entraves
dont elle peut faire l’objet. C’est donc simultanément que la laïcité élève la
puissance publique à son universalité de principe et les citoyens à l’autonomie
rationnelle » (Henri Peña-Ruiz dans Qu’est-ce que la laïcité). Les conditions d’émergence, de développement des exigences
laïques apparaissent clairement : Il faut une puissance publique détachée
des groupes de pression et des citoyens autonomes et à la libre raison. C’est
la condamnation des régimes concordataires qui reconnaissent une mise à égalité
des Etats et des églises, des théocraties qui affirment la primauté d’une loi
révélée (?) comme celle des hommes. Comment faire vivre la République
laïque ?
Si la conception française de la République doit être défendue et valorisée, c’est pour une grande part du fait de l’originalité du concept de laïcité, sans lequel cette République ne peut être ni comprise ni relevée. « Exception française » en Europe et dans le monde, la laïcité l’est, sans doute parce qu’elle est historiquement une invention française, ignorée par beaucoup d’États et plus ou moins acclimatée par quelques autres. 1
- Née du refus du cléricalisme et du
rejet d’une société d’Ancien Régime hiérarchisé selon un ordre religieux, la
laïcité est déjà contenue dans la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen de 1789. Des hommes peuvent, par nature, se gouverner eux-mêmes, en
dehors des dogmes et des églises. Pour que la laïcité figure à une
telle place dans nos textes du projet de constitution européenne, il faut qu’il
y ait un lien fort, indissociable entre République et laïcité. 2
- La laïcité relève d’un idéal de
liberté. Elle fonde et garantit dans la République, la liberté de
conscience, la capacité pour chacun de juger et de décider en dehors d’un
dogme religieux, d’une philosophie officielle, ou du conformisme ambiant. Avec
la laïcité, il s’agit bien d’offrir à chacun la capacité de penser librement,
de se construire une pensée autonome en usant de sa liberté de jugement. Si la laïcité est un modèle et une garantie de liberté et de
paix sociale, c’est qu’elle permet la
pleine intégration de tous à la République, en distinguant la sphère privée et
la sphère publique. Dans la sphère privée, les choix religieux ou philosophiques
s’exercent en toute liberté. Les croyances religieuses choisies par les
familles et encadrées par des clercs bénéficient en particulier de l’existence
de lieux de culte, l’Islam doit aussi pouvoir s’exercer dans des lieux
appropriés. La séparation de la sphère publique contribue à borner
d’éventuelles tentations des églises à intervenir directement dans le domaine
de l’État. Le port des signes religieux, notamment le foulard islamique dans
des établissements scolaires, est une des manifestations de ce prosélytisme. La
création d’un CAPES de religion par Claude Allègre et Jack Lang, pour recruter
des professeurs spécialisés dans l’enseignement religieux catholique et
protestant est un acte d’empiètement dont il ne faut pas négliger la gravité. La laïcité est une conquête pour
tous les éléments concernés : les citoyens garantissent leur liberté de
conscience, les églises leur totale liberté religieuse en dehors du pouvoir
civil, l’État sa capacité à gouverner dans le sens de l’intérêt général. D’un triple point de vue, la laïcité est le socle
fondamental d’une République : -du point de vue de la souveraineté populaire, -du point de vue de la démocratie sociale, -du point de vue de la liberté de la nation. Depuis 1789, la souveraineté appartient au peuple. Il peut se gouverner lui-même. Cette souveraineté renforce l’exigence de liberté, pour que la liberté de conscience, aidée par l’acquisition de savoirs et d’informations se traduise par une capacité de jugement et de décision. Comme l’a dit Condorcet « Un peuple ignorant est un
peuple esclave ». Laïcité, école publique, liberté de l’information
contribuent à favoriser l’accomplissement de l’exigence républicaine : la
recherche difficile de l’intérêt général à travers le processus
d’expression de la volonté générale du peuple. L’égalité des droits et la recherche d’une égalité plus
réelle implique aussi la justice sociale. L’Europe libérale est une machine de
guerre pour remettre en cause à travers différents processus (libre-échange
mondialisé et déifié, directives européennes sur la concurrence, règles de
consommation et de flexibilité du travail, renforcement du pouvoir des régions
aux dépens des États …) les droits sociaux et politiques issus des luttes et
conquêtes ouvrières. Une
nation libre est une nation qui ne se soumet qu’à la seule volonté nationale, à
la seule raison de ses citoyens. La liberté du citoyen suppose l’indépendance
de la nation. Le modèle laïque français est
aujourd’hui menacé, aussi bien par les effets multiples de la mondialisation
libérale que par toutes les formes d’intégrisme religieux et de
communautarisme. Si la République est une conquête permanente, la laïcité est
bien au cœur de ce combat. L’Union européenne dominée par le
conformisme libéral et la règle d’or de la concurrence déstabilise d’autant
plus la laïcité que la plupart des États membres ne sont pas laïques. Libéraux,
démocrates chrétiens, courants chrétiens de la social-démocratie d’Europe du
Nord ont joué et jouent un rôle important pour faire reconnaître l’influence religieuse
dans les héritages et les réalités de l’Europe. Les débats sur ce point, lors
de l’élaboration de la Charte européenne des droits de l’homme, l’ont bien
montré. La plupart de nos voisins ont des constitutions, des pratiques ou des
cérémonies institutionnelles officielles qui intègrent religion et
église ; la religion et les croyances y sont enseignées sous forme de
cours spécifiques à l’école. C’est pour tout cela que l’école
doit rester le creuset de la laïcité. L’école est laïque. Elle doit le rester
malgré les imprécations de tous les libéraux-libertaires qui confondent bons
sentiments et principes. La laïcité clairement réaffirmée et
rappelée dans les règlements intérieurs des établissements scolaires doit être
présentée et expliquée comme la condition de l’égalité et de la liberté et
comme creuset de l’unité nationale. Elle est la possibilité d’un espace commun
à tous, qui exclut tout marquage confessionnel, idéologique ou même commercial. Pour être libératrice, l’école doit
refuser d’enfermer les jeunes dans des différences que le communautarisme
voudrait figer. La laïcité, c’est à la fois l’égalité des divers croyants,
incroyants ou athées parce que la loi commune ne s’occupe que du bien de tous,
et la liberté parce que la construction de jugement éclairé s’appuie sur la
transmission de connaissances.
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