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Question à l’étude 2004 : 

contribution collective du groupe de la Libre Pensée « Quatrevingt-Treize » ( Marseille)

 

             PLAN du  DOSSIER:

·       Invitation à la réunion –débat du 18 mars 2004

·       Contribution de Jean-Pierre Bioul

·       Contribution de Joël Dechaume

·       Contribution de Pierre Leblanc

·       Notes sur la discussion

 

1)L'invitation à contribuer:

 

Quatrevingt-treize

Groupe de la Libre Pensée de Marseille

Cité des Associations, 93 la Canebière, 13001 Marseille

BP 78, 13191 Cedex 20

>--- Réunion – Débat ---<

 

Existe-t-il une alternative laïque

dans les pays où se pratique une religion d’état ?

Jeudi 18 mars à 18 heures

Cité des Associations   Marseille le 03/03/04

Chers amis, camarades, adhérents et sympathisants,

Pourquoi ce thème ? demanderez-vous… Parce que…

Les signataires du Manifeste International pour un Humanisme Athée, dont la Fédération Nationale de la Libre Pensée (constituant le Comité de Liaison des Athées et des Libres Penseurs), se fixent notamment pour but de « défendre la stricte séparation de l’Etat et des Eglises dans tous les pays ».

Cela représente-t-il une nécessité pour l’émancipation universelle de l’humanité ?

Comment cela est-il réalisable dans les régions du monde, notamment le Moyen Orient où les états théocratiques ont pour fondement un religion précise (principalement l’islam ou le judaïsme) ?

Comment peut s’exprimer aujourd’hui, dans ces pays, l’exigence d’une société démocratique laïque et comment aller vers l’institution de systèmes de séparation juridiquement codifiés ?

Tout autant de questions qui intéressent les perspectives d’expansion et de combat de la Libre Pensée et qui demandent une réflexion collective sur le sujet.

Il faut noter que cette réunion s’inscrit dans la réflexion plus générale sur la question à l’étude 2004 votée par le congrès de la Libre Pensée qui s’est tenu à Marseille en juillet 2003 et qui trouvera un premier aboutissement dans une synthèse soumise au prochain congrès qui se tiendra à Toulouse en juillet 2004.

Des documents et les premières contributions intéressant la question à l’étude peuvent être consultés sur le site internet de la Fédération Départementale des Groupes de Libres Penseurs des Bouches-du-Rhône : http://libre-pensee-bdr.chez.tiscali.fr

Fraternellement et cordialement   

Pour le bureau du groupe                              

J.P. Bioul et J. Nichanian               

Contribution ( canevas ) pour la réunion-débat organisée par le groupe de la Libre Pensée Quatrevingt-Treize de Marseille  ( 18/03/2004 )

 

I  )     CONSIDERANTS PREALABLES  NECESSAIRES  A L’EXAMEN DE LA QUESTION FAISANT  L’OBJET DU DEBAT :  «  EXISTE-T-IL UNE ALTERNATIVE LAIQUE DANS LES PAYS OU SE PRATIQUE UNE RELIGION D’ETAT  ( NOTAMMENT AU MOYEN ORIENT OU DES ETATS THEOCRATIQUES ONT POUR FONDEMENT UNE RELIGION  ( PRINCIPALEMENT L’ISLAM ET LE JUDAISME ) . EXISTE-T-IL, DANS DE TELS PAYS, DES CHEMINEMENTS POSSIBLES VERS L’INSTITUTION D’UNE STRICTE SEPARATION DE L’ETAT ET DES EGLISES ? ».

  1)Jean-Pierre Bioul  libre penseur   ( 18/03/04 ):

a)      L’ « exception française », la loi de séparation de 1905 est consubstantielle aux principes de liberté et d’égalité qui avec la fraternité, fondent la République.

- cf   Henri PENA RUIZ  ( notamment  « Dieu et Marianne » )

- cf   Union Rationaliste section de Loire Atlantique  ( « Les principes de la loi de 1905 » )

b)      Ces principes sont des valeurs universelles pour toute l’humanité

- ils ont certes été magistralement affirmés dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 et ils s’expriment encore aujourd’hui dans le combat en défense de la République laïque, une et indivisible .

-  mais ils constituent le patrimoine de toute l’humanité cf  quelques citations d’un interview de H Pena Ruiz ( Marianne du 22/28 oct 2001 )

c)      Ils sont  formellement pris en compte et affirmés par les 180 Etats aujourd’hui signataires De la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948  ( cf articles 1er et 2 et 18 )

d)      L’objectif du C.I.L.A.L.P. de défendre la stricte séparation de l’Etat et des Eglises dans tous les pays est donc, philosophiquement, historiquement et politiquement fondé.

On remarquera que si la laïcité institutionnelle française doit certainement être considérée comme une des références les plus significatives, le Manifeste International pour un humanisme athée , s’appuie à juste titre sur d’autres références :

« La reconnaissance de cette liberté de conscience a été démontrée à plusieurs reprises dans l’histoire : dans le Premier Amendement de la Constitution des Etats Unis en 1789, dans la loi de séparation des Eglises et de l’Etat en France en 1905,  dans la Séparation des Eglises et de l’Etat au Mexique en 1917, et dans le décret de Séparation de l’Eglise et de l’Etat en URSS en 1918.

II  )  ETATS ET RELIGIONS  DANS L’ETAT D’ISRAEL ET DANS LES ETATS MUSULMANS .  Y A- T-IL SYSTEMATIQUEMENT PREVALENCE   D’UNE RELIGION  SUR L’ETAT ?

EXISTE –T-IL DES ELEMENTS DE SECULARISATION ?  

EXISTE-T-IL DES ELEMENTS EMBRYONNAIRES DE SEPARATION ?

Ci après, quelques citations exprimant les prétentions  de la religion juive et de la religion musulmane qui procèdent d’une même conception de soumission à la loi divine. .

Chez les juifs, la Bible complétée par le Talmud est sensée contenir les normes que Dieu a imposé à son « peuple élu » :

« Tout ce que je vous ordonne , vous le garderez et le pratiquerez, sans y ajouter ni en retrancher »(  Deutéronome  13 :1 )

 « C’est une loi perpétuelle pour vos descendants , où que vous habitiez  ( Lévitique 23 : 14 )

Chez les musulmans, le Coran ( parole de Dieu ) et la Sunnah  ( tradition de Muhammad assemblée dans différentes compilations constituent les Deux premières sources de la loi.

Les juristes musulmans classiques ont développé un système légal appelé la Shari’à  ( littéralement : le chemin ) Tous les musulmans doivent s’y soumettre :

… » La seule parole des croyants, quand on les appelle vers Allah et Son messager, pour que celui-ci juge parmi eux est : nous avons entendu et nous avons obéi    E t voilà ceux qui réussissent 

II-1 )  Application du questionnement à l’ensemble des Etats musulmans

( les éléments de réponse formulés ici s’appuient sur l’examen d’une publication de l’Université de Toulouse-1    intitulée CONSTITUTION ET RELIGION DANS LES ETATS MUSULMANS  par Abdelfattah Amor, doyen honoraire de la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis.)

1)°  Y-a-t-il prévalence systématique et absolue de l’Islam sur l’Etat  ?

       Existe-t-il des éléments embryonnaires de séparation ?

a)      La Umma communauté musulmane  une, indivisible, unie de manière trans-frontalière,  trans-temporelle  autour du message du prophète n’existe plus depuis 1924 ( fin du Califat )  . Il existe aujourd’hui une cinquantaine d’Etats qualifiés de musulmans sur la base de définitions et de critères divers et variés . L’histoire ne nous lègue donc pas un empire musulman théocratique mais une  cinquantaine d’Etats membres d’une Organisation de la Conférence Islamique (OCI).

Cette organisation qui assure une coordination épisodique a été fondée en 1969 ( sommet islamique de Rabat à la suite de l’incendie de la mosquée « Al Aqsa » à Jérusalem ) autour des buts suivants :

-         consolidation de la solidarité islamique,

-          soutien de la lutte de tous les peuples islamiques en vue de sauvegarder leur dignité, leur indépendance et leurs droits nationaux .

Le préambule de la charte proclamée en 1981 à La Mecque exprime le souci des Etats signataires de « préserver les valeurs spirituelles, morales, sociales et économiques de l’Islam qui constituent un important facteur de progrés pour les hommes. ».  Ce discours ne ressemble-t-il pas à celui des documents d’orientation de la communauté européenne fondés sur la doctrine sociale de l’Eglise et qui proclament le nécessaire attachement aux valeurs spirituelles chrétiennes ?

 

b)      Dans la diversité des situations concernant l’attitude de l’Islam à l’égard de la Constitution de l’Etat, trois types d’attitude peuvent être distinguées.

1 °)  hostilité absolue de l’idéologie religieuse à l’idée de constitution : « pas de constitution autre que le Coran ! » ( Arabie saoudite, Lybie )

2°)  subordination de la constitution à la religion ( Arabie saoudite depuis 1992, Iran , et Pakistan )

Pour ces 2 premiers types nous avons effectivement affaire à des théocraties  où la religion exerce sa prévalence au niveau de toutes les institutions de l’Etat. C’est ainsi que dans la République islamique d’Iran par exemple ;

   - les trois pouvoirs traditionnels exercent leur compétence sous la tutelle de l’Iman

         - le Conseil national de la Shoura ( législatif ) dont les membres sont élus par le peuple exerce ses compétences  sous le contrôle du Conseil des Oulémas dont la mission est de s’assurer de la prévalence  du droit imposé ( shari’à) sur le droit posé.

- l’éxecutif ( président, 1er ministre, ministres ) voit certaines de ses compétences confiées à « la direction »   ( cf page 12 dernier parag  ) 

     3°) instrumentalisation de la constitution ; c’est celle que l’on rencontre dans la grande majorité des Etats islamiques . Abdelfattah Amor définit ainsi cette 3ème attitude :

         « Elle consiste à intégrer le dogme dans la constitution de manière à ce que l’Etat trouve engagé par la religion et que la légitimité de ses gouvernants ne soit pas en rupture avec la religion : Islam religion d’Etat, Islam religion de l’Etat, Sharia’à source unique ou principale ou simple source de législation, sont des formules souvent utilisées à l’effet d’assurer l’instrumentalisation de la constitution – avec des degés d’intensité variables – à des fins religieuses . La religion est, ainsi, récupérée pour devenir un instrument d’expression d’une politique religieuse et parfois même d’une idéologie religieuse. Or il n’y a pas une seule politique ou une seule idéologie pouvant prétendre à l’exclusivité de l’imputabilité à l’Islam. Et voilà que l’on redescend, encore une fois, sur terre pour retrouver les hommes avec leurs conflits d’intérêts et d’opinions, leurs représentations sociales collectives et leurs conflits idéologiques et partisans. » 

          Nota : forme particulière d’instrumentalisation, l’absence de constitution  écrite.

          C’est notamment le cas de la Lybie, du Soudan et de l’Afghanistan

Une première conclusion paraît s’imposer au vu de ces premiers éléments : la prévalence  de l’Islam sur l’Etat  prend des formes diversifiées et d’intensité variable .

Les faits indiqués ci-après indiquent enfin que la  prévalence de l’Islam n’est pas non plus ni systématique ni absolue et qu’il existe même dans le monde des Etats musulmans des éléments embryonnaires de séparation de l’Etat et des religions    

c)      Plusieurs Etats musulmans ont institué dans leur constitution des dispositifs

      d’affranchissement de l’Islam. Trois degrés peuvent être distingués :

      1°) Etats admettant la liberté de croyance et de conviction et s’abstenant de reconnaître un statut officiel à l’Islam .

       C’est le cas de la Guinée, de la Guinée Bissau, et de l’Indonésie

       2°) Degré d’affranchissement plus marqué: la constitution ( 1992 ) de la République du Niger édicte des mesures de séparation clairement formulées :

-         article 9 parag 2 : « aucune religion, aucune croyance ne peut s’arroger le pouvoir politique, ni s’immiscer dans les affaires de l’Etat »

-         article 10 : interdiction des « partis à caractère religieux ou ethnique et religieux »

-         article 24 : « toute personne a droit à la liberté de pensée, d’opinion, d’expression de conscience et de culte » .

         3°) Huit Etats se proclament ouvertements laïques.

          (  Burkina Faso, Cameroun, Gambie, Mali, Tchad, Senegal et Turquie )

           Ci après quelques citations particulièrement significatives  concernant  le Sénégal et la Turquie ;

-         Sénégal : « La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale …Elle assure l’égalité devant la loi de tous ses citoyens sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances  ( article 1er )

-         Turquie : l’article 2 qualifie la République Turque d’« Etat de droit, démocratique,laïc et social qui respecte les droits de l’homme…. ».La liberté de conscience y est très concrètement précisée : « nul ne peut être contraint de prier, de participer à des rites ou des cérémonies religieuses , ni de divulguer ses croyances et ses convictions religieuses ». l’article 24 affirme avec force que « nul ne sera critiqué ou incriminé pour ses croyances et ses convictions religieuses »

2°)  Y a-t-il des éléments de sécularisation de la société civile dans un Etat musulman  ?

La situation est sur ce point moins différenciée. Cela est dû au fait que s’agissant du droit privé des personnes  ( mariage divorce, héritages, … ) la shari’à édicte des règles précises et contraignantes alors que pour d’autres domaines (  commerce, action politique ) elle se contente d’édicter des principes généraux interprétables  (  qui ont permis les éléments d’émancipation partiels de l’Etat de l’Islam examinés plus haut ).

Quelques pays connaissent cependant certaines avancées significatives. C’est le cas notamment de la Tunisie ( fait a priori étonnant  puisque sa constitution n’est pas officiellement émancipée de l’Islam ) Le code tunisien du statut personnel ( qui depuis 1958 est applicable à l’ensemble des Tunisiens sans distinction fondée sur des considérations religieuses ) contient des éléments manifestes de sécularisation : mariage obligatoirement consensuel, polygamie interdite, pouvoir exclusif des tribunaux de prononcer des divorces, adoption reconnue et organisée… En outre, une politique audacieuse de contrôle et de limitation des naissances ( incluant le recours à l’avortement ) est conduite depuis le début des années soixante 

3°)  En conclusion ( provisoire ) de ce questionnement  ( trop partiellement étayé )   quelques réflexions concernant les conditions du combat pour les droits démocratiques des des individus ( peut on dire citoyens ? ) notamment en matière de liberté et d’égalité .

Le questionnement effectué fait apparaître que le mouvement pour l’alternative laïque s’exerce a priori dans des conditions extrêmement difficiles, mais il existe.

Le combat pied à pied   pour la liberté de conscience ( contre les incriminations de blasphème ou d’apostasie ), pour l’égalité homme femme s’exprime aujourd’hui  concrètement, y compris dans les Etats les plus inféodés à l’Islam, en Iran, au Pakistan notamment. Chaque victoire remportée ( je pense à Salman Rushdie, au docteur Shaik… ) est un point d’appui qui conforte le mouvement général .

On remarquera que, face à la Shari’à, ce combat peut s’appuyer sur le référentiel des valeurs et principes humanistes affirmés dans la déclaration universelle de 1948. Et cela malgré tous les considérants négatifs qu’on pourrait légitimement développer concernant la réalité des politiques effectivement conduites dans le contexte ONUsien.

C’est ainsi que l’exception tunisienne relative en matière de sécularisation s’explique par la ratification par la Tunisie d’un certain nombre de conventions internationales ; sur les droits politiques de la femme (1952), sur la nationalité de la femme mariée ( 1957), sur le consentement au mariage, l’âge minimum et l’enregistrement des mariages (1962), sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (1979).

C’est ainsi, que le combat pour sauver de la peine de mort les inculpés du  crime d’apostasie,           

peut béficier de l’impact des interprétations faites par des rapporteurs de commissions ou comités des droits de l’homme des formulations différenciées de la liberté de conscience dans  la déclaration de 1948 et dans le pacte des droits civils et politiques de 1966  «  elles tendaient finalement, toutes au même objectif à savoir que toute personne avait le droit d’abandonner une religion ou une conviction et d’en adopter une autre ou de n’en adopter aucune …C’était le sens implicite de la notion de droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion et de conviction quelle que fut la forme sous laquelle se présentait cette notion »

( dans rapport deElisabeth Odio Bénito rapporteur spécial de la sous –commission des droits de l’homme des Nations Unies en 1986 )     

III  MEMES QUESTIONNEMENTS  APPLIQUES A L’ETAT D’ISRAEL

( point réduit – faute de temps - à quelques questions à propos de la  Déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israel  du 14 mai 1948 )

·        Comment faut-il qualifier le  pouvoir constituant de cet Etat  (  «  membres du Conseil national, représentant la communauté juive de Palestine  et le mouvement sioniste mondial ?  

·        Cette déclaration ne contient-elle pas des éléments susceptibles de permettre un cheminement vers la laïcité ?  ( cf ces propositions : «  Il ( l’Etat) assurera une complète égalité sociale et politique à tous ses citoyens, sans distinction de religion, de race ou de sexe ; il garantira la liberté de culte, de conscience, d’éducation et de culture … »    

                                                                              Jean-Pierre Bioul  libre penseur   ( 18/03/04 )

 

2)Laïcité et pays théocratiquespar Joël  DECHAUME, libre penseur

Nombreux considèrent ( et je suis l’un d’eux ) que dans les pays THEOCRATIQUES il n’y aura pas de LAICITE tant qu’il n’y aura pas de DEMOCRATIE et qu’il n’y aura pas de DEMOCRATIE tant qu’il n’y aura pas d’EGALITE entre hommes et femmes donc d’EMANCIPATION de celles-ci.

La démocratie, l’égalité, la laïcité et donc la séparation du religieux et de l’Etat, ne pourront s’établir dans ces pays théocratiques que si les peuples passent par différentes évolutions incontournables.

C’est pourquoi ma contribution s’articulera autour de trois points répondants à ses évolutions et, en partie, au thème de cette Réunion / Débat et, bien sûr, nourrir la question à l’étude dont nous débattrons au prochain congrès national de la L.P.    Les 3 points seront :

1° L’EVEIL des PEUPLES, 2° La DEMOCRATIE et 3° L’EMANCIPATION  de la FEMME.

1° L’EVEIL des PEUPLES.

La séparation des religions et du pouvoir politique est le résultat de l’éveil de ces peuples qui prennent conscience que le bonheur n’est pas offert par un Dieu quelconque mais par la prise en main de son avenir. ( Camus : « Si dieu existe, tout dépend de lui, s’il n’existe pas, tout dépend de nous »)

A l’image du peuple de France qui a remis en question les fondements de la religion chrétienne, aidé en cela par de courageux savants et penseurs à l’époque de la Renaissance, puis par les grands philosophes du Siècle des Lumières, les peuples soumis dans des théocraties devront progresser sur le même chemin de la connaissance et de la raison pour sortir de cette obscurité mentale qui les asservi.

En occident et dans tous les pays théocratiques, parfois au risque de leur vie, des théologiens modérés, des philosophes, des penseurs, musulmans ou autres, s’élèvent contre l’utilisation des « textes sacrés » à des fins intégristes et obscurantistes. Si nous voulons propager notre principe laïque et humaniste, il nous faut leur apporter notre aide et notre soutien sans faille .

Pour les appuyer, les Libres Penseurs ne doivent pas hésiter à critiquer fortement les dérives politiques de ces religions comme nous l’avons fait pour la religion catholique. (Talisman Nasreen)

2° La DEMOCRATIE et l’EGALITE CITOYENNE

Nous devons énoncer que les principes de base de L’islam et du Coran rejettent la démocratie

Nous devons combattre les lois islamiques, « la charia », et accuser les supporters intégristes qui l’impose par la violence ou par les menaces de mort à l’image de ces groupes extrêmement dangereux comme le Refah Partisi en Turquie, le GIA et le FIS en Algérie … et tant d’autres !

Pour participer à plus de démocratie, en aucun cas, nous ne devons soutenir même indirectement car cela reviendrait à soutenir la violence et la régression voulues par eux, ces mouvements sanguinaires, comme maladroitement l’a fait la Libre Pensée en soutenant le Refah Partisi turque pour dénoncer une pseudo entrave à la liberté d’expression par la Cour européenne des Droits de l’Homme. Au contraire, nous devons combattre ces mouvements porteurs de mort.

.

  L’EMANCIPATION  de la FEMME

L'émancipation est « l'acte par lequel un mi­neur s'affranchit d'une autorité de tutelle et agissant ainsi, réalise sa pleine autonomie. »

Nous devons donc dénoncer, haut et fort et sans ambages, tous les moyens d’asservissement de la femme dont les symboles sont, par exemple, le FOULARD ou le vêtement islamique « obligatoire », c’est pourquoi il nous faut soutenir et améliorer les Lois promulguées à ce sujet.

En matière d’émancipation, voyons l’exemple du MAROC et l'entrée en vigueur de son nouveau Code de la Fa­mille qui consacre les principes de l'égalité entre la femme et l'homme à l'intérieur de l'institu­tion conjugale. Voici quelques extraits :

Une femme peut désormais se marier sans de­mander l'accord de son père ou d'un membre masculin de la famille. Elle est libre de choisir son époux, elle est coresponsable avec lui de la famille, elle ne lui doit plus obéissance, elle peut obtenir le divorce sur des bases judiciaires équitables et l'âge du mariage est passé de 15 à18 ans...

C’est peut être peu de chose mais un tabou a sauté. Pour la première fois le droit religieux a pu être discuté, amendé et voté. C’est une avancée politique forte, fruit d'un long combat des militantes féministes marocaines. L'égalité des sexes face au mariage est un grand pas vers la modernité et l'émancipation des Marocaines et montrera, peut être, la voie à d’autres pays.

Le Maroc, pourtant si fortement traditiona­liste, est en passe de réussir une formidable évolution vers la démocratie au moment ou les intégrismes obscurantistes tentent partout de faire marcher l'histoire à recu­lons… .. comme en EGYPTE où, par exemple, aujourd’hui, sur la plage d’Alexandrie, des jeunes filles, séparées des garçons, se baignent tristement avec une épaisse djellaba alors que, 20 ans plus tôt, dans leur maillot de bain, elles riaient de joie en jouant au ballon avec les garçons. Un certain islam est passé par-là … imposant sa régression du bonheur de vivre …

… Où encore au PAKISTAN ou voyageurs et journalistes qui ont circulé dans les rues de Islamabad ont ressenti une étrange sensation; ils ne se l’expliquent pas tout de suite mais, au fur et à mesure qu’ils prolongent la visite, ils réalisent pourquoi : Il n’y a pas pratiquement de femmes dans les rues. Ils appellent Islamabad .. la ville sans femme.

Régression, régression toujours…

A mon sens, l’objectif premier pour voir la Laïcité pénétrer les pays théocratiques passe avant tout par l’égalité Homme / femme et donc par l’émancipation des femmes.

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Le Judaïsme est introduit dans le thème de cette réunion. Voyons-le en fonction des trois points d’évolution retenus :

1° Eveil des peuples : Il y a proportion importante de non pratiquants et d’athées en Israël qui peuvent afficher sans crainte leur conviction et notons que ce sont deux archéologues Israéliens, Finkelstein et Silberman  qui ont commis un ouvrage « La Bible dévoilée » qui remet en questions les fondements même de la bible. Il faut saluer cette démarche et souhaiter que cela se fasse dans d’autres religions. Observons qu’ils ne sont, ni persécuté, ni menacé de mort pour apostasie.

2° Démocratie : Les élections y sont libres et Israël est le seul pays du moyen orient ou des arabes, chrétiens ou musulmans, sont démocratiquement élus au Parlement. La liberté d’expression est totale de même que l’égalité Homme/Femme  sauf aux yeux papillotants des religieux.

3° Emancipation : Même si les religieux essaient de le réglementer, Israël est un pays rebelle. Les opposants ne manquent pas et la grande liberté de ton qui règne dans ce pays leur permet de s’exprimer totalement. Nous pourrions souhaiter qu’il en soit de même dans les théocraties.

De plus, il n’est qu’à voir Tel-Aviv ou les plages de la méditerranée un jour de Shabbat pour comprendre que les autorités religieuses n’ont guère de prise sur une fange énorme de la population, surtout les jeunes, filles comme garçons.

Qu’en est-il de la Laïcité : Effectivement et comme dans beaucoup d’autres pays, en Israël, il n’y a pas de séparation religion / Etat, mais de plus en plus nombreux sont les Israéliens qui la souhaitent. Israël étant une démocratie, le pays peut devenir laïque un jour en votant la modification de sa constitution. En attendant, toutes les confessions s’y exercent librement.

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Si , Laïcité = Eveil des peuples  = Egalité = Emancipation de la Femme …

… au vu des massacres perpétrés récemment et des menaces Islamistes qui planent, cette spirale infernale dans laquelle est entré l’islam intégriste est un tourbillon abyssal qui tire vers le fond les peuples concernés et les civilisations visées.

Vous conviendrez avec moi que la promotion de la Laïcité dans ces pays théocratiques relève de l’inaccessible étoile, surtout si l’on se rappelle que les civilisations islamiques couvrent aujourd’hui 30 millions km², représentent 1.2 milliards de personnes et que sa progression, territoires comme habitants, et de 1% par an ; c’est la plus forte de la planète.

Relisant le thème : Une alternative laïque face aux pays à religions d’état, je terminerai en m’interrogeant : « l’Homme ne se nourrit-il pas de ses propres UTOPIES ?»

  Joël  DECHAUME

-oooooOooooo-

Contribution  de Pierre LEBLANC :

 ( réunion-débat du 18 mars 2004 )

ALTERNATIVE LAIQUE POUR LES PAYS AYANT UNE RELIGION D’ETAT ?

Mr Dechaume  a soutenu qu’on doit aider les populations des pays arabes et d’Orient à obtenir l’égalité hommes/femmes pour s’affranchir de la théocratie. Il a évoqué en particulier Israêl, mais je souligne que là-bas, les musulmans, même élus, ont un rang inférieur. Il s’est attaché aussi au foulard  tout comme la LP a pris position contre le « voile ». Mais peut-on m’indiquer si, et quand, elle a condamné les kippas, et avant cela; les croix, dans les écoles ?

Le CRIF, en bisbille totale avec le Consistoire dont il limite la représentation,  a obtenu depuis plusieurs années qu’il n’y ait pas d’interrogations écrites ou de compositions le samedi (shabbat) et les jours de fêtes religieuses pour les israélites : jourim ( célébration de la délivrance des juifs de Perse ), pessah( pâques ), rosh ha shama ( nouvel an ), soukkot ( les cabanes ), yom kippour ( jour de la pénitence ou grand pardon ), et shavouot ( pentecôte ). Il arrive que leurs filles manquent la gymnastique et les cours d’éducation sexuelle. Les plus croyantes et plus pratiquantes mettent un filet ou un autre chapeau  pour couvrir tous leurs cheveux, et une jupe ou longue robe descendant aux chevilles - à partir de la puberté -tandis que les garçons, à leur majorité religieuse vers 13 ans, effectuent leur communion ( bar mitsva ) et les plus pieux de rite askénase ( les hassidim ) portent des cheveux longs en spirales ( anglaises ), la barbe, se couvrent la tête d’un feutre à large bord et portent une écharpe de prières ( tallit ) dont les franges blanches et noires dépassent de leur veste.

C’est leur affaire ; mais est-ce que cela ne s’est jamais trouvé dans l’administration? Serait-ce ostensible ou ostentatoire ?

 

Mr Bioul a centré son intervention sur la chariaa, le Coran et la Sunna dans les pays musulmans, et en évoquant les pays d’Afrique Noire. Mais il n’a pas évoqué que l’islam reconnaît quatre solutions différentes possibles à un même problème, plus exactement quatre façons d’établir rituellement une réponse à un problème ; soit par le Coran, ou la Sunna, ou le qyas ( analogie ) ou l’idjmàa ( l’union ) – chacune dosée plus ou moins par rapport aux autres – d’où 4 rites : hanafite, malékite, chafaïte et hambalite. Le premier accorde beaucoup d’importance au qyas, et influence l’Afrique du Nord. Il est considéré comme le plus large, celui permettant l’évolution la plus commode. Le second a tendance à respecter strictement le Coran, c’est le plus intransigeant; il s’est répandu en Andalousie d’où il est revenu surtout au Maroc ( en 1492 ?), au Soudan et en Egypte. Le troisième fait grand cas de l’opinion générale. Le quatrième, aboutissement de la controverse sur la « création » du Coran que des hommes de lettres jugeaient avec scepticisme puisqu’il était « écrit » sur des matières et non « incréé »

( existant de toute éternité ) se caractérise par son rigorisme et a marqué le mouvement wahabite qui régit l’Arabie et les lieux saints, et marque l’Irak et la Syrie. C’est un rite qui accorde beaucoup d’importance, évidemment, à la Sunna, où ont été retenus les  hadiths  « sûrs ».

Malgré les divergences qui opposèrent dans le lointain, les rites, ils sont considérés comme fondamentaux et orthodoxes, les divergences d’opinion étant une grâce de dieu.

Il n’y a pas de clergé, mais il existe des personnes ayant grande connaissance de leur religion et à qui est reconnu le droit d’apprécier et de répondre aux questions qui leur sont posées : ce sont les mouftihs ( dont Soheib Bencheihk  à Marseille ), les imams ayant seulement à conduire la prière ( en mosquée ou dehors ), et à prononcer éventuellement le prône ( causerie morale, et louange à dieu et au roi )

A mon sens, il est indispensable de connaître « les Arabes » pour savoir ce qu’est l’islam – même si l’on peut étudier directement ce dernier dans les livres – et donc de savoir le passé et le présent des pays musulmans… d’où la liste de livres que je vous fournis sur trois pages, traitant de religions dont évidemment le catholicisme, l’islam, et ce que je connais le moins : le judaîsme.

Je pense qu’il faut s’intéresser à ce qui se passe dans tous les pays, mais sans qu’il y ait volonté d’intervenir dans ce qui ne regarde que leurs citoyens. L’évolution des sociétés se fait d’elles mêmes.

 

Au Maroc, il y a 35 femmes au Parlement en 2004 contre 2 en 1997 – et c’est une femme- gestionnaire de profession, âgée de 41 ans, mariée et mère de 3 enfants ; Asmàa Chàabi, qui est maire d’Es Saouira, ville de 75000 habitants, depuis son élection le 17/9/2003. Asmàa Chàabi a été l’invitée de Zéphira Nachète , de l’association marseillaise « enfants, parents et institutions » et a été reçue récemment par un certain nombre d’institutions et de personnalités politiques et associations, à l’Espace Accueil Etrangers. Il aurait été intéressant de l’écouter.

Rappelez-vous : en mars 2002, des dizaines de milliers de femmes ont manifesté à Rabat, pour avoir des droits et contre la polygamie. Aussitôt, les islamites ont lancé en réplique un grand défilé d’hommes et de femmes 8 ou 10 fois plus important ( dont certains ont cru qu’il s’agissait de défendre le roi.). Il y a eu les attentats du 16 mai 2003 à Casa … et fin mai, le nouveau code de la famille

( moudawana ) a été mis en place par le roi Mohammed VI sans alors aucune difficulté, faisant de la femme l'égale de l'homme ; il n’y a plus de tutelle, le divorce peut être demandé par les femmes , etc.

C’est un grand pas de modernisation, par rapport à d’autres que j’ai pu constater lors d’un voyage du 21/8 au 24/9/2002 au Maroc. D’ailleurs, le jeune roi sort en public avec son épouse, la princesse Lalla Selma, on les photographie ( habillés à « l’occidentale » ) etc .

 

En Tunisie - où Bourguiba, en tant que Président de la République, a engagé ses compatriotes à se considérer en combat économique et à faire effort (jihad) pour élever le pays en se dispensant de jeûner pendant le ramadan, ce qui se maintient discrètement dans les grandes villes - Ben Ali s’oppose à l’intégrisme - qui gagne pourtant des points partout dans le Sud - le voile y reste  interdit aux employées de l’administration dans leurs fonctions, et il est stupéfiant qu’un historien/philosophe ; Monder Sfar ( pseudonyme signifiant « pur jaune »), ait sorti en 2000 un livre ahurissant : « Le Coran est-il authentique ? » où il expose que le texte « révélé » dit Coran est le produit d’une élaboration à partir d’un texte original « incréé » se trouvant sur une table céleste auprés d’Allah…d’où des abrogations, des textes ambigüs, d’autres de circonstance ( politique ) etc… rassemblés comme on l’a pu après la mort de Mahomet dont tous les manuscrits du 1er siècle de l’islam et même l’original de la version actuelle du Coran ont disparu. D’aucuns, parmi les musulmans, soutiennent que le Coran n’était pas voyellé et que cela en permet diverses lectures et signification, tandis que d’autres assurent que le Coran a été révélé avec ses voyelles et constitue la pureté même de la langue classique.

 

En Algérie, des femmes luttent contre le voile, et pour leur indépendance…alors que le Salafisme, dérivé du Wahabisme, les veut toujours réduites à la moitié de la valeur d’un homme. On peut parler des sectes ayant déformé les rites dérivés du Coran et de la Sunna . On verra ce qui peut ressortir des élections présidentielles prochaines.

 

En Egypte, il y a des musulmans de divers rites, des chrétiens-coptes, et encore quelques israélites … ce qui me fait penser à préciser qu’il y a des israélites au Maroc et que généralement il y en a un , soit comme ministre, soit comme conseiller du roi. J’ai d’ailleurs oublié de dire que dans ce pays, et peut-être en relation avec la réclamation d’une princesse en déplacement en 2002 à Marrakech, qui n’a pas voulu que le muedden réveille ses enfants de bonne heure, - paraît-il – les imams des grandes villes ne montent plus chanter aux quatre coins des minarets la prière de l’aube et se limitent à en faire l’appel par une sono.

 

En Iran, lors de la journée internationale de la femme le 8/3/2004, malgré l’illégalité déclarée par les autorités, plusieurs centaines de femmes ont manifesté à Téhéran contre la violence des hommes à leur encontre et pour la révision des lois discriminatoires dont elles sont victimes. L’avocate Shirin Ebadi, prix Nobel de la Paix, a soutenu à Genève que leur sort était davantage le produit d’une société patriarcale que de la religion et a assuré que les iraniennes allaient continuer leur lutte.

 

Au Soudan, il y a des musulmans, des animistes, des chrétiens. Dans la région du « Darfour », au voisinage du Tchad et aussi de la Libye et du Centrafrique, les heurts entre villageois noirs et nomades arabes sont fréquents ; l’islam est vécu en philosophie spirituelle adaptée à leur milieu par les noirs avec leurs racines africaines et la plupart des Fours, tout comme des peuples d’Afrique Noire, ne connaissent pas la langue arabe. Je me rappelle avoir vu, de par ma profession, des Coran imprimés au Maroc pour l’Afrique en caractères de transposition de l’écriture européenne.

 

En Afghanistan, où le sud-est du pays et la région de Tora Bora est un refuge des combattants intégristes « talibans », 235 femmes se sont suicidées en 2003 pour échapper aux règles traditionnelles qui régissent leur société et les empêchent de décider de leur vie, de leur mariage… à tel point que la télé y diffuse des messages de sensibilisation contre le suicide. – Le cinéma César à Marseille passera le film « Osama »  de Siddiq Barnak qui traite de ce sujet -.

 

Enfin, sans pouvoir indiquer qui est Ibn Warraq, il faut faire état qu’il a sorti un livre « Pourquoi je ne suis pas musulman » ( aux éditions l’Age d’Homme,Mobiles Théopolitiques ) qui a été préfacé par Taslima Nasreen, cette héroïne du Bangladesh, qui a écrit « Femmes, manifestez-vous ! » ( en 1990 ) et « La honte » (1993 ), laquelle a été condamnée à mort par une fatwa du Conseil des soldats de l’Islam le 24/9/1993 et dont la pendaison a été exigée par 200000 islamistes le 29/7/94 à Dhaka : la Haute cour de justice à laquelle elle ne s’en est pas moins présentée, l’a remise en liberté sous caution, et elle a quitté secrètement son pays pour se réfugier en Suède, puis en juin 95 à Berlin.

Mais n’y a-t-il pas déjà eu Salman Rushdie, auteur du roman « Les versets sataniques », qui a fait l’objet d’une fatwa en Iran ordonnant il y a une quinzaine d’années son assassinat ? Il était citoyen britannique et ce n’est après une longue campagne d’écrivains que les pouvoirs occidentaux en vinrent à faire de son cas une question de principe, et il a eu la vie sauve.

Ainsi, comme je l’ai avancé, l’islam évolue ; il n’a pas besoin qu’on le dirige de l’extérieur, que l’IHEU ait pour but de « défendre la stricte séparation des Eglises et de l’Etat dans tous les pays ». L’évolution, à travers la mondialisation, met en cause suffisamment les sociétés. La création en France d’un « Conseil Consultatif des Musulmans » ne fera que donner de la force aux islamistes , et la loi contre les signes religieux n’est qu’un texte détruisant la loi de 1905 car elle autorise tous les signes visibles, ce qui conduit – par la discrimination – à une nouvelle forme de ce qu’on pourrait appeler une « guerre civile ».

Occupons-nous donc d’abord de ce qui se passe chez nous, au lieu de chercher à introduire une alternative laïque au Moyen Orient et ailleurs .  

Contribution collective du groupe « Quatrevingt-Treize »

NOTES SUR LE DEBAT

Albert Nichanian : Cela me paraît difficile d’aider les peuples de ces régions parce qu’on n’est pas sur le terrain. Il serait très intéressant de savoir quel travail fait l’IHEU, comment ils entreprennent leurs démarches .

En France le combat peut s’appuyer sur des textes législatifs. Comment faire évoluer quand il n’y a pas de textes démocratiques ?

André C (invité) : Au delà du débat sur le voile, le pouvoir des islamistes dans les banlieues est quelque chose qui me rend inquiet. L’association de la Libre Pensée ne devrait-elle pas avoir des relations avec des organisations qui défendent les droits des femmes, comme par exemple « Ni putes ni soumises » et voir comment on pourrait les aider .

Lucien Turpin : le gouvernement polonais demande que la constitution européenne fasse explicitement référence aux origines chrétiennes de l’Europe . Cela indique qu’il n’y a pas que dans les Etats musulmans où le combat laïque soit difficile L’église catholique bénéficie de concordats dont certains s’appliquent encore en Alsace –Moselle  

Michel Barbe : La laïcité est le produit de révolutions, pas de l’évolution . En France, pour balayer la Monarchie il a fallu balayer l’Eglise. Le problème aujourd’hui s’inscrit dans la crise du capitalisme . Il est totalement politique et social. 

Noredine N ( invité) : Dans les pays du Maghreb on n’est pas encore allé très loin en matière de laïcité. Avancer ; cela passe par l’égalité homme-femmes . Sur ce point il y a eu des régressions . En Algérie, le  code de la famille fondé sur la loi islamique, c’est le FLN qui l’a imposé

Louis Bernabeu : La loi de Dieu supérieure à la loi civile c’est ce qui s’oppose à la laïcité . La laïcité ne peut exister que  si la souveraineté nationale existe et se trouve dévolue au peuple . C’est la base de la Démocratie et de la République . En France en 1789 la souveraineté a été dévolue au peuple et les droits de l’homme et du citoyen (qui fondent la laïcité )  ont été affirmés, et pourtant il faut constater que les prétentions de l’Eglise Catholique (religion historiquement dominante dans notre pays )  à régenter la morale et les lois civiles  perdurent et pèsent encore aujourd’hui après la loi de 1905

Henri Huille :  les religions monothéistes ont toutes le même contenu de soumission et d’asservissement de l’être humain . S’agissant de la place de la femme leurs « textes sacrés »  délivrent le même message  de subordination à l’homme.Napoléon ( qui n’était pas personnellement « croyant » ) se préparant à signer le Concordat déclarait que la religion était utile à l’Etat. Aujourd’hui en France en organisant la représentation du culte musulman , avec la nouvelle loi « sur les signes religieux à l’école », c’est Sarkozy qui donne du pouvoir à l’Islam.

Partout sur la planète , pour des objectifs opposés à l’émancipation des peuples, des Etats instrumentalisent la religion d’Etat ou la plus influente. C’est pour cela que la laïcité  est un combat d’ensemble permanent dans lequel notre place spécifique est en premier lieu d’agir pour la défense et la restauration de la loi de 1905

Conclusion de la réunion ( et non du débat ouvert ) par Louis Bernabeu

Dans notre libre débat , aussi bien dans les 3 contributions qui avaient été préparées que dans notre échange de vues, des différences de points de vue se sont exprimées . Il semble cependant que quelques points d’accord peuvent être dégagés :

-          dans les pays que nous venons d’examiner,  l’exigence laïque s’affirme aujourd’hui dans ces exigences précises de  l’absolue liberté de conscience : droit à l’apostasie ! émancipation des femmes : égalité de droits avec les hommes ! le cheminement vers la laïcité s’exprime dans le combat pour ces libertés démocratiques ; combat qui s’inscrit lui m ême dans le mouvement d’émancipation politique, sociale…des peuples.

-          Nous nous intéressons à ce qui se passe dans tous les pays et nous n’avons pas la volonté d’intervenir dans ce qui ne regarde que leurs citoyens . Il n’est effectivement pas question de chercher à exporter « clés en mains » la loi de 1905. Le combat des libres penseurs en France c’est celui de la reconquête de la laïcité, de la restauration de la loi de 1905. Préserver ce point d’appui et référence qui incarne les valeurs universelles ( liberté , égalité, fraternité ) qui sous tendent le mouvement d’émancipation de toute l’humanité, c’est le premier acte exprimant notre solidarité.

-          Contribuer à rassembler, unir, voire coordonner tous ceux qui se regroupent dans tous les pays,

       c’est le but de cette discussion , c’est aussi le but des initiatives dans les quelles notre fédération

       nationale s’est engagée pour 2005 : réunion d’un congrès  mondial des libres penseurs et athées,

       participation, pour le combat laïque, au congrès mondial de l’IHEU  dors et déjà prévu à Paris en

      cette année centenaire de la loi de 1905 .   

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