Lien: retour à l'index

Contribution de la Fédération de SAVOIE

 

Contribution de Pierre Garino sur le principe laïque:

Ce principe, avant d'être le support juridique de la loi de 1905, prend sa source dans l'exercice même d'une réflexion libre et indépendante.

En effet, penser, c'est faire effort pour s'arracher aux déterminations et aux influences qui pèsent sur l'esprit afin de pouvoir prendre de la hauteur et gagner en objectivité dans le jugement.

Ce principe est à l'origine de l'émergence de l'activité philosophique puisque celle-ci n'a pu se développer qu'à partir de la distinction de la sphère du "muthos" (pensée pro-logique de type mythologico-religieuse) et de la sphère du "logos" (pensée logique fondée sur la seule raison humaine).

La séparation est un principe de détachement, de non-adhérence, d'arrachement par rapport à ses croyances et aux opinions pour se mettre en état de recherche libre de la vérité.

A l'encontre de cette construction de l'esprit, toute société tend naturellement vers le communautarisme: la vie en commun cherche souvent à s'inscrire dans des valeurs fusionnelles et est donc allergique vis à vis des éléments de séparation.

La notion d'individu" est représentative de l'idée de séparation: il s'agit d'un homme qui a son principe de détermination en lui-même et qui est irréductible à toute intégration sociale obligatoire. C'est l'individu qui librement choisit de participer à la vie de la cité. La vie politique procède d'une union des volontés qui n'est pas l'unicité de la communauté.

De ce point de vue, la théorie contractuelle du pourvoir politique au XVIIème siècle fut déterminante dans la construction progressive du principe juridico-politique de séparation des Eglises et de l'Etat.

En effet, les philosophies du contrat social supposent un fondement immanent du pouvoir politique: c'est la volonté générale fondée sur un contrat social entre les membres du corps politique qui légitime le gouvernement. Cela va à l'encontre d'une conception transcendantale du pouvoir politique qui suppose un ordre supérieur transcendant.

A ce sujet, il nous faut dénoncer l'argumentation selon laquelle l'idée de séparation serait issue de la conception paulinienne du pouvoir politique résumée par la célèbre parole évangélique: "donner à César ce qui lui appartient et rendre à Dieu ce qui est à Dieu".

En effet, il ne s'agit pas d'une réelle séparation mais seulement d'une distinction entre la Terre et le Ciel qui postule qu'il existe au préalable une unité dédoublée et complémentaire.

Cette distinction n'implique pas une émancipation du Politique, encore moins une indépendance des affaires humaines vis-à-vis de la chose divine.

Ce partage du pouvoir est un aménagement qui renforce l'autorité divine; il ne fait que recouper la division cléricale entre le clergé et le peuple de Dieu c'est-à-dire entre les clercs et les laïcs.

Au contraire, la vraie séparation implique une rupture radicale avec la doctrine paulinienne: il n'y a aucune filiation entre la conception laïque du pouvoir et la distribution du pouvoir entre le glaive et le goupillon.

Il y a infiniment plus d'écart entre les laïques (partisans de la laïcité institutionnelle) et les laïcs (membres d'une communauté religieuse) qu'entre les laïcs et les clercs.

Dans le premier cas, il y a séparation, dans le second cas, il y a subordination.

 

Contribution de Christian Florentin sur l'Histoire de la Laïcité

Dans une perspective historique, on peut partir de la définition de la laïcité et de la loi de 1905 et montrer les débuts de la laïcité depuis 1789 jusqu'à 1905 et puis de 1905 jusqu'à nos jours.

Le mot "laïc" vient du grec "laïcos" c'est-à-dire qui est du peuple, pas au sens de "demos", le peuple, mais au sens de ce qui n'est pas "claricus" c'est-à-dire qui n'appartient pas au clergé, qui n'a pas reçu les ordres. Par exemple, au moyen-âge, dans les monastères, les abbayes, il y avait des clercs, qui avaient reçu les ordres et qui avaient "droit au chapitre" c'est-à-dire qu'ils faisaient partie du conseil de la communauté du monastère pour décider des règles de la vie quotidienne. Puis, il y avait , inférieurs à eux, les frères "lai", c'est-à-dire laïcs qui étaient des domestiques, la plupart du temps ignorants, analphabètes. Il y a eu un terme péjoratif qui s'est développé au moyen -âge, le mot "laïc" qui signifiait aussi bien celui qui n'appartient pas au clergé, que les ignorants. Le sens a évolué et c'est devenu le sens moderne surtout au XIXème siècle, "qui est indépendant de toute confession religieuse". C'est comme cela qu'on a commencé à parler d'écoles laïques à l'opposé des écoles confessionnelles. Puis, le mot laïcité est devenu une conception politique qui implique la séparation de la société civile et de la société religieuse. L'Etat lui-même n'exerçant aucun pouvoir religieux et les Eglises ne devant exercer aucun pouvoir politique.

Christian Eyschen dans "la Libre Pensée contre l'Eglise" publié en 1999, rappelle: "La Laïcité, c'est la séparation du civil et du religieux, c'est la Laïcité institutionnelle, c'est-à-dire codifiée dans des institutions". C'est donc très clair:! dans la sphère du service public, il n'y a pas de place pour l'expression des opinions métaphysiques, religieuses, politiques, sociales ou autre. Tout cela appartient à la sphère privée.

Un premier problème se pose à nous aujourd'hui avec les propositions Stasi, les propositions du Président de la République, les propositions de certains. Notre conception de la Laïcité, qu'on appelle Laïcité institutionnelle s'oppose à la conception de la Laïcité ouverte dont on a dit qu'elle était une conception qui s'est particulièrement développée durant les 30 dernières années. Cette Laïcité ouverte est devenue malheureusement la conception de la quasi-totalité des associations qui étaient auparavant, selon nous, authentiquement laïques. La Laïcité ouverte a été développée dès 1951 par un évêque de Bourges qui s'appelait Lefevre. Celui-ci a inventé ce concept de Laïcité ouverte en disant: "La Laïcité, ce n'est pas la séparation du religieux et du civil, mais au contraire, c'est l'addition de tous les points de vue religieux à l'intérieur de la sphère publique". On rejoint déjà la question du rapport Stasi et de ce que développe le Président de la République. En fait, il suffit, pour être laïque, d'additionner tous les points de vue religieux. Maintenant , les laïques sont des laïques très ouverts, puisqu'ils acceptent même les points de vue non-religieux, des agnostiques, des athées. Christian Eyschen répond à cela: "C'est formellement la République française, chacun fait ce qu'il veut dans sa vie privée, mais dans la sphère publique, il n'y a pas de religion". Pour illustrer cela, Christian Eyschen donne l'exemple de la France et du Liban. La Laïcité institutionnelle, c'est la France, du moins dans ses principes jusqu'à ces derniers temps, et la Laïcité ouverte, c'est le Liban. Il donne un exemple: on a fait un recensement en 1950 où 51% de la population au Liban se disait de confession maronite puis venaient les musulmans sunnites et puis enfin les musulmans chiites. Par conséquent, le Président de la République doit être un chrétien maronite, le premier ministre sera obligatoirement un musulman sunnite et ensuite, le  Président de l'Assemblée Nationale sera chiite. C'est cela la conception de la laïcité ouverte. On donne les responsabilités politiques en fonction de la majorité qui existe du point de vue des religions déclarées ou reconnues. Christian Eyschen en conclut qu'au Liban, les athées n'ont pas de place. Je pense que depuis, cela n'a pas dû beaucoup changer.

Je vais vous expliquer les deux conceptions de la Laïcité ouverte. En 1946, la constitution de la Ivème République a reconnu pour la première fois dans les textes, la République Laïque. La Vème République a repris ce terme, ce qui en embête beaucoup parce que pour eux le mot Laïque était un mot de trop. En 1946, après la Guerre, il y a eu deux projets de constitutions Laïques. Un premier qui a été rejeté et un second qui est passé. L'Eglise s'était totalement opposée au premier puis a accepté le deuxième. Pourquoi cette acceptation? Pour le premier projet, j'ai trouvé la réponse chez un député pro-européen qui s'appelait Schumann MRP, donc démocrate chrétien et qui expliquait qu'il n'y voyait pas du tout d'inconvénients parce qu'il disait que la laïcité, finalement, c'est tous les points de vue. Donc, avant que le mot "Laïcité ouverte" soit inventé, il donnait déjà ce point de vue. Pour le second projet de constitution de 1946, c'est un député communiste qui avait proposé comme amendement que l'on rajoute le mot "laïcité". Et Schumann fut d'accord. Il est vrai qu'en 1946, on était encore en pleine "union nationale"   puisqu'à la libération, pour "calmer" tout le monde, on avait fait un gouvernement très large, tripartite MRP (chrétien démocrate), socialiste et communiste. Schumann qui était un homme politique peut-être plus habile que d'autres a dit: "pas de problème, la Laïcité comme c'est l'addition de tous les points de vue, aucun problème". C'est pourquoi notre République a été définie comme Laïque. Même l'église l'a accepté.

Quand commence la Laïcité réellement? Bien sûr , il y a eu des débuts de Laïcité mais on peut dire que fondamentalement, ce qui a permis à la Laïcité d'exister, c'est la rupture qui se passe en 1789 à la Révolution Française avec la déclaration des Droits de l'Homme. Pour la première fois réellement dans l'histoire de l'Humanité, les hommes vivant sur la Terre sont reconnus comme ayant des droits alors que jusque là, ils avaient des devoirs envers leur Créateur. Cela correspond à la conception de la Philosophie des Lumières du XVIIIème siècle qui combat, c'est un point commun à tous les philosophes de l'époque, pour le bonheur des hommes sur la Terre. C'est un changement radical puisque toutes les religions enseignent que le bonheur n'existe pas sur terre, qu'il faut une vallée de larmes et pleurer beaucoup, être très malheureux. Je pense que cette recherche du bonheur sur terre se traduit dans la déclaration des droits de l'Homme puisqu'on met au centre l'humanité et l'individu qui a des droits. Je pense que c'est le fondement "théorique" ou "philosophique" de la Laïcité.

La première mesure vraiment laïque qui a lieu du point de vue législatif en France au moment où l'on déclare la République Française, le 23 septembre 1792, c'est l'état civil. On retire l'Etat civil aux prêtres. Et malgré toutes les tentatives faites depuis, ça n'a jamais été retiré du moins en France. A ce propos, il faut savoir que dans plusieurs pays d'Europe, l'état civil n'est pas forcément public. Il y a des églises qui sont payées pour les services qu'elles rendent à l'état civil, c'est le cas des luthériens au Danemark.

Les projets des révolutionnaires n'ont pas pu se réaliser tout de suite, notamment sur l'école, pour les projets Condorcet. Il a fallu attendre la troisième république et Jules Ferry pour voir enfin s'installer réellement la Laïcité dans l'école.

Les Lois Jules Ferry de 1882 instaurent l'instruction gratuite, laïque, obligatoire de 6 à 13 ans. Elles imposent  dès 1886 que dans les écoles publiques de tous ordres, l'enseignement soit confié à un personnel laïque. On interdit donc l'instruction par des congrégations dans les écoles publiques. Le 28 mars 1882, on abroge certains articles de la loi Falloux qui en 1850 avait redonné le contrôle de toutes les écoles à l'église (les textes de Victor Hugo sont très connus là-dessus). Les articles abrogés autorisaient les ministres des cultes à inspecter, surveiller et diriger les écoles publiques et privées. En même temps, on supprime l'enseignement religieux dans les écoles publiques et on le remplace par une instruction morale et civique. On crée en 1880 l'enseignement secondaire pour les filles car on veut l'égalité, égalité qui est un des piliers de la République. Déjà la neutralité de l'enseignement public est rendu obligatoire. La loi du 28 mars 1882 précise: "les écoles primaires publiques vaqueront un jour par semaine en outre du dimanche afin de permettre aux parents de faire donner s'ils le désirent à leurs enfants, l'instruction religieuse en dehors des édifices scolaires". Puis la loi du 9 décembre 1905 réitère: "L'enseignement religieux ne peut être donné aux enfants de 6 à 14 ans inscrits dans les écoles publiques qu'en dehors des heures de classe".  Le 9 avril 1903, une instruction précise: "Le curé n'est pas compris dans l'énumération des personnes qui peuvent avoir accès à l'école". Mais en échange: "L'instituteur n'a ni qualité ni compétence pour donner, à la place du curé ou de son préposé, l'enseignement du catéchisme". Il y a donc une stricte neutralité qui doit être respectée à l'école. De fait, les élèves aussi sont tenus de respecter une stricte neutralité. En réalité, on n'en parle pas en 1903, parce que cela ne vient pas à l'idée qu'un élève ait son mot à dire sur quoi que ce soit. On est dans une époque où les enfants sont vraiment des mineurs à tous les points de vue. Mais les problèmes vont se poser après la première guerre mondiale où les élèves vont commencer à vouloir exprimer des opinions. Pour garder la neutralité de l'école, des circulaires nouvelles doivent interdire toute propagande, au départ politique. Il existe une circulaire de 1925 qui demande: "qu'on ne tolère ni création de secteurs ni désignation de subdélégués mandatés par aucune des organisations" et même "ni remise de buvards communistes ou de programmes électoraux". En 1943, on réitère encore. C'est Jean Zay qui était ministre de l'instruction publique à l'époque qui "interdit les ports d'insignes politiques, la distribution de tracts, les brochures tant à l'intérieur qu'aux abords de l'établissement et d'une manière générale toute manifestation d'hommes politiques. Les contrevenants seront exclus. Il s'agit de maintenir dans nos établissements la plus stricte neutralité en matière politique, qui a toujours été de tradition dans les universités". C'est sans doute à l'époque, plutôt l'extrême droite qui est citée. En 1936, Jean Zay reprend cette circulaire et rappelle: "Les écoles doivent rester l'asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas". Et en 1937, l'année suivante, il réaffirme cette circulaire en disant: "ce que j'ai dit pour ce qui est politique s'applique évidemment à ce qui est religieux". Actuellement, les députés de droite, veulent l'interdiction des signes politiques à l'école, à mon sens ils ont totalement raison. Ce qui a suscité des réactions dans la presse et à la radio qui ont dit : "Ils veulent nous ramener à une époque révolue avant 1968, époque où c'était le quasi-silence, personne n'avait le droit de s'exprimer".

Puis, il y a la loi de 1905, loi de séparation. Pour nous en tenir à l'école, depuis 1905 et jusqu'à aujourd'hui, il y a une série d'attaques, d'entorses, de remise en cause de la laïcité. La première c'est la loi Astier, après la guerre, qui avait organisé l'enseignement technique professionnel et qui donnait les subventions aussi bien à l'enseignement technique privé que public. Le statut d'exception d'Alsace-Moselle que la commission Stasi ne demande toujours pas d'abroger, sous prétexte que la population ne le demande pas. La grosse entreprise qui a été faite c'est en 1924, lorsque l'on a renoué les relations diplomatiques avec le Vatican, qui n'était pas encore un Etat. En effet, c'est Mussolini qui, dans les accords de Latran, a octroyé un bout du territoire de l'Italie (6 hectares) à l'église. Le Vatican est donc devenu un Etat à l'intérieur de l'Italie.

A l'époque de Vichy, il y a eu le régime d'exception avec l'attaque contre la Laïcité, la suppression des Ecoles Normales, les devoirs envers Dieu qui devaient être à nouveau enseignés dans les écoles publiques. On rend alors les biens mis sous séquestre (exemple: la grotte de Lourdes) à l'église. Celle-ci redevient une puissance immobilière ce qu'elle n'avait plus le droit d'être. Les congrégations sont à nouveau autorisées (cela n'a jamais été abrogé). C'est à ce moment là que des moines sont retournés dans la Chartreuse. Les associations cultuelles ont alors le droit de recevoir des dons, des legs. Cette loi n'est toujours pas abrogée. D'ailleurs les "denier du culte" bénéficie de l'amendement "Coluche" pour les réductions d'impôts. Cet amendement est réservé aux associations à but humanitaire. Or, le denier du culte n'est pas à but humanitaire puisqu'il est fait pour donner des ressources aux prêtres.

Après la seconde guerre mondiale, on a réintroduit les Ecoles Normales mais on n'a pas abrogé les autres lois.

Les Ecoles Normales ont vécu jusqu'à Jospin. En 1951, il y a eu les lois Marie Baranger qui font une nouvelle entorse à la laïcité puisqu'on octroie des bourses aussi bien aux élèves du privé que du public. Cette loi donne une allocation trimestrielle pour chaque enfant du privé, allocation qui n'est pas versée aux familles. Pour le public, cette allocation était versée au Conseil Général, pour le privé elle était versée aux associations de parents d'élèves.

La grande entreprise de démantèlement de la laïcité à l'école, a commencé avec la Vème République. Une des premières grandes lois, c'est la loi Debré du 31 décembre 1959 qui subventionne les écoles privées qui acceptent un contrat d'association, rompant avec le principe "fonds publics, écoles publiques; fonds privés, écoles privées". Le contrat d'associations est là pour "faire passer la pilule". L'association s'engage en effet à enseigner les programmes officiels dans la mesure où elle prépare à des examens publics mais elle peut garder son caractère propre. Elle commence à avoir alors ce que l'on appelle "une mission de service public". Cela anticipe ce que l'on appelle aujourd'hui les "services d'intérêt général", qui n'est plus un service public mais un service rendu au public. Cette notion est d'ailleurs dans la constitution européenne. Le SIG est une mission qui peut être confiée soit totalement ou partiellement au privé. Ce principe a donc déjà commencé avec la loi Debré en 1960. Le financement des écoles privées est donc pris en charge par le salaire des enseignants.

Chaque ministre a ensuite ajouté "sa petite" touche". Chevènement a adapté la loi Debré à la décentralisation. Rocard a financé à égalité l'enseignement agricole privé et l'enseignement agricole public. Lang a passé un accord avec Monsieur Cloupet, représentant de l'église catholique en France où il accepte de prendre en charge les enseignants et les documentalistes du privé, la formation des maîtres du privé qui maintenant sont à l'IUFM, les forfaits d'externat...

La deuxième grande loi antilaïque de la Vème République, c'est la loi Jospin puisque, outre la destruction des Ecoles Normales pour mettre en place les IUFM, elle introduit dans l'enseignement public le caractère propre qui existe dans l'enseignement privé sous couvert de projets d'écoles spécifiques, des projets d'établissement. Ce qui empoisonne surtout les établissements scolaires depuis la loi du 10 juillet 1989, c'est la rupture avec la neutralité stricte dans les écoles. Chacun devait être neutre que ça soit les personnels ou les élèves ce qui n'est plus le cas avec le droit d'expression des élèves. Que dit l'article 10? " Les élèves ont le droit d'exprimer et de manifester à l'intérieur des établissements scolaires, leurs opinions, leurs croyances". Cet article n'était pas en vigueur depuis deux mois, qu'il y avait déjà des foulards qui commençaient à apparaître. L'affaire des foulards a commencé à ce moment-là. Jospin met un bémol en disant: "l'exercice de ces libertés ne peut porter atteinte aux activités d'enseignement". Mais ce qui est particulièrement grave dans cette loi, c'est que la loi Jospin détruit ce qui est vraiment la notion de laïcité institutionnelle puisqu'elle introduit la notion de communauté, de pluralisme. A la Libre Pensée, nous disons qu'il n'y a pas besoin d'une loi nouvelle pour interdire les croix, foulards, kippas... Il suffirait d'abroger au moins l'article 10 de la loi du 10 juillet 1989. En effet, l'argument juridique fondamental qui revient dans chaque affaire de foulard, c'est de dire: "on a la loi pour nous". ce qui est vrai puisque l'élève a le droit d'exprimer ses opinions. L'enseignant, le personnel n'a pas ce droit. Puis vient la commission Stasi. Dans la dernière Raison, il y a une analyse de notre camarade de la fédération nationale. Il n'y a pas de quoi se réjouir avec cette commission. Ce que je crains, c'est que ce soit un fourre-tout et que ce soit la Laïcité ouverte qui passe complètement, y compris en intégrant s'il le faut les libres penseurs.

Contribution de Pierre Garino sur le rapport Stasi:

Introduction:

Le rapport Stasi est la consécration officielle de la laïcité ouverte. La commission Stasi fait un choix très net, qui n'est pas d'ailleurs exprimé dans le texte de l'analyse publiée dans la Raison, mais c'est moi qui le traduis comme ça: comment faire une loi sur la laïcité en n'abrogeant pas toutes les lois antilaïques qui rendent impossible le respect de la laïcité? Et donc, on en arrive à cet exploit qu'on va faire une loi prétendument laïque en essayant de la faire cohabiter avec des lois antilaïques qui rendent son application extrêmement problématique, voire même impossible dans le cadre de la constitution européenne. En effet, la constitution européenne étant antilaïque, elle rendra caduque de toute façon la loi qui est en train d'être discutée sur la laïcité en ce moment au parlement.

La commission Stasi a été créée le 3 juillet 2003 et le rapport a été rendu au Président de la République le 11 décembre 2003 puisque c'était une commande de la part du Président de la République. Ce rapport comporte quatre parties, "la laïcité: principe universel, valeur républicaine"; "la laïcité à la française, un principe juridique appliqué avec empirisme"; "le défi de la laïcité"; "affirmer une laïcité ferme qui rassemble". D'un point de vue méthodologique, je vais faire mon exposé dans l'ordre inverse du rapport pour vous montrer l'hypocrisie de la redéfinition de la laïcité par la commission Stasi posée dans la première partie. Parce que, en fait, ce que je veux vous montrer c'est qu'il n'y a pas une définition de la laïcité conforme à l'histoire de la laïcité qui permette ensuite de tirer des propositions, mais la commission a d'abord pensé à des propositions type "laïcité ouverte" et puis ensuite elle a essayé de poser une définition qui soit conforme à cette "laïcité ouverte" qu'on veut faire appliquer.

Première partie: Je commence par la dernière partie dans laquelle la commission Stasi fait ses propositions parce qu'elles sont bien plus nombreuses que celles dont les médias ont parlé. Les médias ont parlé essentiellement de deux choses: la loi proprement dite qui est en train d'être préparée par Luc Ferry et qui va être discutée, amendée... par les parlementaires, et les fameux deux jours fériés Ait el Kebir et Kippour qui ont défrayé la chronique. Ce qui est d'ailleurs curieux, c'est que les médias ont occulté totalement tout ce qu'il y avait autour de ces propositions. Il y a beaucoup de propositions dont je vais donner des exemples. Un premier exemple permet de penser que le rapport Stasi va affaiblir la laïcité plutôt que la renforcer, "la commission estime que la réaffirmation de la laïcité ne conduit pas à remettre en cause le statut particulier d'Alsace-Moselle". Affirmation massive dans la mesure où c'est ce qui permet à tous les antilaïques de ce pays de remettre en cause en permanence la laïcité, exception française, en s'appuyant sur le concordat de 1801 et pour le généraliser en disant en plus que cela nous mettra en harmonie avec tous les pays européens. Deuxième exemple: créer une école nationale d'études islamiques afin "de contribuer à la formation des maîtres appelés à enseigner le fait religieux à tous les niveaux de l'enseignement public". Est-ce que c'est le rôle de la République de créer un institut national d'études islamiques? Autre exemple: la commission propose qu'un aumônier général musulman, pour les armées, soit nommé dans les mêmes conditions que les aumôniers généraux des autres religions. C'est-à-dire que ce qui est valable pour les israélites, les catholiques, les protestants, devrait l'être aussi pour l'islam pour des raisons d'équité. Equité à la place d'Egalité. A propos des deux jours fériés: les médias se sont bien gardés d'indiquer les modalités proposées par la commission, à savoir deux conditions: que ces jours fériés devront être compensés. Ils ne s'ajouteront pas aux autres jours fériés mais il faudra trouver un système pour que ces deux jours fériés soient substitués. Quelle est la proposition technique? Bizarrement la commission n'en parle pas pour la fonction publique mais pour le secteur privé, dans les entreprises "ils pourront être substitués dans le privé à un autre jour férié à la discrétion du salarié sur la base d'un crédit de jours fériés". La commission Stasi précise que ce système est déjà mis en place dans les institutions de l'ONU. A ces deux jours (Kippour et Ait el Kebir), on pourrait ajouter le Noël orthodoxe; pour les bouddhistes, le problème ne se pose pas, disent-ils puisque leur fête principale tombe un dimanche du mois de mai! Sauf que l'on pourrait se poser la question de savoir ce que l'on doit faire des salariés qui travaillent le dimanche, les infirmiers, le personnel pénitentiaire... La liste est déjà longue mais on pourrait en rajouter encore. Nous, par contre, libres penseurs, on n'a pas droit à un jour férié.

Le point commun à toutes ces propositions c'est l'idée, me semble-t-il, que l'égalité, est comprise comme l'égalisation des avantages d'une religion (en fait, la religion catholique), à toutes les autres religions. Pour la commission Stasi, l'égalité, comprise comme égalisation des avantages à toutes les religions, conduit donc à une extension de ce que l'on pourrait appeler un "principe de faveur" envers l'activité cultuelle. C'est une surévaluation de la deuxième phrase de l'article 1er de la loi de 1905 au détriment de la première phrase. Rappelons les termes de l'article 1: "La République assure la liberté de conscience". (point sur lequel ceux qui ont voté la loi à l'époque, ont le plus insisté). Et il a été rajouté, dans un souci de compromis (et non de compromission): "Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions éditées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public". On voit bien que la commission Stasi, en insistant lourdement sur ce dernier point, cherche à faire reconnaître une forme de discrimination positive en faveur du religieux.

Cette interprétation est confirmée par un satisfecit donné au Portugal par la commission Stasi: "En 2001, une loi sur la liberté religieuse étend à toutes les confessions les avantages réservés à la seule église catholique". En saluant cette évolution "positive" du Portugal, on voit bien ce que cela veut dire: cela veut dire que c'est l'égalisation des avantages.

La commission propose bien l'adoption d'un loi sur la laïcité qui entre actuellement en discussion au parlement. La formule préconisée par la commission pour cette loi est d'une ambiguïté toute jésuitique. Voilà ce qu'elle propose: "Les tenues et signes religieux interdits sont les signes ostensibles tels que: grande croix, voile ou kippa. Ne sont pas regardés comme des signes manifestant une appartenance religieuse, les signes discrets que sont par exemple: médaille, petite croix, étoile de David, main de Fatima, ou petit Coran". On est dans le même jésuitisme que la circulaire Bayrou qui avait introduit le mot ostentatoire. Les linguistes se disputent maintenant pour savoir quelle est la différence, les nuances entre ostensibles et ostentatoires.

La commission Stasi propose aussi ce que j'appelle des "gadgets". Comme il y a des gadgets pédagogiques, il y a aussi des gadgets en matière de laïcité. Par exemple: instituer un "jour de Marianne". Peut-être sur le modèle des "journées citoyennes" de Ségolène Royal qui avait demandé d'organiser des journées citoyennes, notamment sous la forme, dans les lycées, les collèges de journées humanitaires où l'on incitait les enfants à participer à des associations caritatives parce que cela leur permettait d'apprendre la solidarité, la citoyenneté... Cerise sur le gâteau, cette journée de Marianne serait instituée pendant la semaine internationale de lutte contre le racisme. C'est l'esprit Ségolène Royal, mâtiné d'ONGéisation qui souffle! Deuxième gadget, c'est d'adopter une "charte de la laïcité", rappelant les droits et obligations de chacun. Puis, ce que j'ai trouvé quand même d'absolument aberrant, c'est qu'il est dit que "les enseignants qui entrent en IUFM ou avant d'être titularisés devront signer cette charte", alors que l'on sait que, la loi, la neutralité et le devoir de laïcité font explicitement partie des obligations des fonctionnaires. Pourquoi leur faire signer une charte de la laïcité alors que, en tant que fonctionnaires, il y sont déjà soumis?

Deuxième partie:

Concernant la troisième partie , elle dresse un bilan accablant et souvent juste de toutes les atteintes multiples à la laïcité: dans les hôpitaux, dans tous les secteurs de la société française. Cependant, dans ce chapitre, peut-être le plus juste de la commission Stasi, il y a deux affirmations qui remettent en cause directement les piliers fondateurs de la laïcité. Pour le premier, voici ce que dit la commission Stasi: "La loi du 9 décembre 1905, si elle prohibe le financement public des édifices du culte, n'implique nullement que leur création soit entravée". Cela veut dire que ce n'est pas parce que, dans l'article 2, il est écrit que la République ne subventionne aucun culte qu'il est dit pour autant que la République doive empêcher la construction d'édifices religieux. Sous entendu, il faut trouver un moyen pour que ce financement ait lieu. Mais ce n'est pas ouvertement affirmé puisqu'on rappelle à tout moment que la loi de 1905 est la loi parfaite. Elle est tellement parfaite qu'il faut une loi pour venir la compléter!

Deuxième point: "La mise en oeuvre du principe de laïcité n'a pas encore permis de combler les déficits d'égalité entre les croyants ou entre ceux-ci et les athées". N'est-ce pas son but? Le but de la laïcité, c'est d'assurer l'égalité entre les citoyens, indépendamment de leur appartenance religieuse ou philosophique. Il faut simplement une volonté politique pour atteindre cet objectif (l'égalité). Ici, c'est le même raisonnement que le conseil d'Etat à propos du principe d'égalité. Pourquoi le Conseil d'Etat en vient à dire: il faut mettre en place des mesures de discrimination positive du droit? Parce qu'il constate que l'égalité n'a pas été réalisée. Mais comme on a mis en place des politiques inégalitaires, on constate que l'égalité n'est pas atteinte, donc on cherche à la compenser par des dispositifs dérogatoires. Ce qui était valable dans le raisonnement du Conseil d'Etat l'est également dans les raisonnement de la commission Stasi.

Signalons un détail un peu insolite: "il arrive que des contrôles soient encore organisés à l'école les jours de grandes fêtes religieuses, privant ceux qui ont été autorisés à s'absenter de la possibilité d'y participer". Cela veut dire: Mesdames et Messieurs les enseignants, vous êtes priés de tenir compte du calendrier religieux de toutes les religions et croyances existantes pour choisir les dates de vos devoirs surveillés pendant la période scolaire.

Troisième partie:

La deuxième partie du rapport tente une comparaison pseudo-objective ou faussement objective entre la conception dite "française" de la laïcité avec la conception prétendument européenne. On sait très bien que la notion de laïcité n'existe pas dans le texte européen. La commission Stasi le dit d'ailleurs, le mot Laïcité n'existe pas dans les éditions européennes. Ce qui est révélateur de cette absence, c'est cette analyse surprenante où il est dit ceci: "Sur le fondement de l'article 9 (de la convention européenne des droits de l'homme et des libertés fondamentales), la cour (de justice européenne) a été amenée à traiter des questions qui concernent la laïcité". Donc on se dit, très bien la convention parle de laïcité sur la base de l'article 9. Sauf que l'article 9 protège exclusivement la liberté religieuse. D'ailleurs, à propos des droits de l'homme, quand vous écoutez un responsable de la papauté ou le pape lui-même, parler de reconnaissance des droits de l'homme, il la fait débuter de la déclaration universelle de 1948. Il n'y a plus le mot "citoyen" dans cette déclaration et, comme par hasard, il n'y a pas de mention faite au respect de la liberté de conscience. La seule notion qui demeure c'est la liberté religieuse.

Curieusement, on trouve une définition réaménagée de la liberté de conscience. On connaissait la notion de laïcité ouverte, voilà que la commission Stasi avec l'aval de Henri Pena Ruiz, va ajouter quelque chose à la liberté de conscience: c'est la "liberté de conscience religieuse et philosophique pour tous". Alors que la liberté de conscience pour nous, c'est le droit reconnu à tout individu de n'avoir aucune option particulière et cela peut aller jusqu'à l'indifférentisme radical. Or là, pas du tout. C'est ou philosophique ou religieux.

Il y a aussi un point intéressant à signaler. C'est un aveu concernant le fameux problème qu'a évoqué Christian à propos de la loi Jospin. Là, ils sont quand même assez francs: "La loi d'orientation sur l'éducation du 10 juillet 1989 consacre à son article 10 de façon très large la liberté d'expression des élèves. Le Conseil d'Etat n'a donc pu que constater la confirmation d'un droit... Le Conseil d'Etat ne pouvait qu'inviter à une appréciation au cas par cas sous le contrôle du juge" des fameuses affaires du voile. Donc la commission Stasi dit officiellement que la question des atteintes à la laïcité à l'école est liée directement à la loi Jospin. Mais, curieusement elle ne fait pas la proposition d'abroger la loi Jospin ou au moins l'article 10.

Cinquième partie:

La première partie, c'est le point de départ de la commission Stasi alors que je prétends que c'est leur point d'arrivée. C'est une définition soi-disant consensuelle, résultant de l'addition de tous les points de vue, que la commission entend donner au principe de laïcité. Faisons quelques remarques, sans commentaires, à propos de certains membres de la commission: le Président, Bernard Stasi, est vice-Président de l'internationale chrétienne en exercice; il y a Baubérot qui, en 1997/98, a été chargé de la mise en place des initiatives citoyennes; Marcelon, Président honoraire du Conseil d'Etat; et des tenants de la laïcité ouverte tel que le sociologue Alain Touraine; Régis Debré, auteur du fameux rapport sur l'enseignement du fait religieux...

La redéfinition de la laïcité, dans la première partie, repose sur une vision partielle de l'histoire, voire une révision de l'histoire qui est quand même renversante. Notamment une affirmation historique tout à fait contestable: "la laïcité se réfère entre autre à l'Edit de Nantes". Or, justement, non seulement l'Edit de Nantes (dit faussement Edit de Tolérance) n'a pas été une étape vers la laïcité mais au contraire ce fut un renforcement de l'autorité et du pouvoir absolu du roi et de toute façon ça préparait la révocation de l'Edit de Nantes par Louis XIV. Donc ça n'a strictement rien à voir avec la laïcité. Deuxième affirmation "avec le concordat de 1801, débute une période de stabilisation politique". Ce n'est pas du tout une stabilisation politique, c'est simplement une chape de plomb, qui a tenté d'effacer une grande partie de ce qui avait été gagné par la Révolution Française. C'est vraiment la réaction totale. Troisième affirmation: "Après l'épreuve partagée de la première guerre mondiale", c'est-à-dire l'Union Sacrée "la paix religieuse est rétablie avec l'accord de 1924 entre le Saint Siège et le Gouvernement français". Bien sûr, ils s'en félicitent. Il y a une analyse très intéressante qui ouvre une perspective à laquelle je n'avais pas pensé, ils parent de l'Algérie quand elle était un département français. Ils disent à propos du traitement qui a été fait de ce département: "l'énonciation du principes républicains laïques et leur application dérogatoire sur un territoire donné, sont révélateurs d'une contradiction propre à l'Etat colonial français". Pourquoi ne disent-ils pas cela à propos du concordat sur le statut d'Alsace-Moselle? C'est exactement la même chose. Quel est l'argument utilisé pour dire que l'on ne remet pas en cause le statut d'Alsace-Moselle? C'est parce que les alsaciens ont été deux fois allemands et trois fois français. Pour les rattacher à la France (c'est une idéologie colonialiste) il ne faut surtout pas remettre en cause leur statut particulier parce que le statut particulier qui constitue une atteinte à la laïcité et une dérogation par rapport à la loi ordinaire qui s'applique à toute la République, résulte d'une histoire douloureuse de ces territoires. C'est une insulte faite à ces populations. Ils ne le disent pas bien sûr mais c'est cela que ça veut dire. Cinquième exemple: la commission dit que dans le patrimoine de la construction historique de la laïcité, il y a la loi Debré de 1959. Pourtant, contre cette loi, les organisations laïques de l'époque "ont fait le serment de tout mettre en oeuvre pour, quand les conditions favorables seront réunies, abroger cette loi". Une autre affirmation scandaleuse: "l'Histoire de la laïcité n'est pas le récit d'une marche inexorable vers le progrès". Comment faut-il l'entendre? La commission dirait sans doute que c'est parce qu'il y a eu des reculs, des avancées... Je ne vois pas cela comme ça. Je pense que dans le contexte de ce texte, ça veut dire que la laïcité ce n'est pas forcément le progrès, que telle qu'elle a été pensée au XIXème siècle, elle est aujourd'hui dépassée et que ce qu'il faut c'est la laïcité ouverte. La commission laisse planer l'ambiguïté.

Elle affirme:" la défense de la liberté de conscience individuelle contre tout prosélytisme vient aujourd'hui compléter les notions de séparation et de neutralité, centrales dans la loi de 1905". C'est surprenant. En quoi la reconnaissance de la liberté de conscience viendrait-elle compléter aujourd'hui la loi de 1905? Alors que la loi de 1905, dans son article 1, dit: "La République assure la liberté de conscience" et dans tous les autres articles met justement en place un cadre pour permettre d'assurer cette liberté de conscience. Eux, ils viennent dire aujourd'hui il faut la compléter. C'est aberrant.

Huitième point:  La commission prend fait et cause pour une laïcité ouverte de comprommission en prônant "l'introduction de l'enseignement du fait religieux dans l'école, fondé sur une critique du principe de neutralité s'il se limite à une conception étroite de la neutralité par rapport à la culture religieuse ou spirituelle, "l'école contribue à la méconnaissance des élèves en ce domaine et les laisse désarmés face aux activistes politico-religieux qui prospèrent sur le terreau de cette ignorance". Voilà  que les laïques deviennent des obscurantistes qui font prospérer les intégrismes. On constate par ailleurs que cet enseignement privilégie les monothéismes puisque la commission dit "il faudra aider à la découverte des textes révélés". Or, ce sont les religions du livre, les religions monothéistes qui sont fondées sur les textes révélés.

Dernier point: la commission affirme "la société française a changé. L'emprise de l'église catholique n'est plus perçu comme une menace". On pourrait penser qu'ils analysent en sociologues les choses mais ce qu'ils veulent dire c'est que le problème n'est plus la religion catholique, c'est autre chose. Ensuite: "Notre pays est devenu pluriel sur le plan spirituel". L'unité et l'indivisibilité de la République, ils n'en parlent pas. "Nier la force du sentiment communautaire serait vain". On part du fait qu'on ne peut pas combattre le sentiment communautaire donc il faut en tenir compte et l'intégrer par la laïcité ouverte. "La laïcité d'aujourd'hui est mise en défi de forger l'unité en respectant la diversité de la société" affirme encore la commission Stasi.

Discussion:

Christian: Ils nous serinent avec leur débat sur l'école depuis un mois. Bien sûr, c'est démocratique parce que tout le monde peut dire n'importe quoi. Mais ce n'est pas cela la démocratie. C'est à nous à l'expliquer autour de nous. On a du travail à faire. Mais je ne suis pas pessimiste parce que je crois que, s'il n'y a pas forcément une conscience claire de l'enjeu, il y a une disponibilité à écouter, à chercher des solutions. Quand on commence à discuter autour de nous, on a une écoute.

Pierre: On est témoin d'un paradoxe politique. Aujourd'hui tout le monde parle de laïcité, s'en réclame mais de quelle laïcité s'agit-il? Quand on voit le gouvernement, est-ce qu'il donne l'exemple? On a un ministre de l'intérieur omniprésent qui mène une campagne forte en faveur de la discrimination positive. IL s'appuie à la fois sur le droit communautaire qui promeut cette idée et le Conseil d'Etat qui s'en est fait le relais puisque aujourd'hui sa mission est de transposer le droit communautaire européen en France et de s'en faire le porte -parole voire même l'idéologue. Aujourd'hui, l'Etat reposant sur la souveraineté nationale, n'existe plus dans la construction européenne. Ce qui a été très révélateur, c'est le fameux rapport du Conseil d'Etat de 1996 sur le principe d'égalité qui, pour moi, est un tournant du point de vue juridique. Dans ce rapport, il théorise selon la même méthode que celle utilisée par la commission Stasi à partir des échecs de la laïcité qui ont d'ailleurs été programmés, organisés. Le Conseil d'Etat, lui, part des échecs de l'égalité pour dire: vous voyez on ne peut plus. Il faut faire des dérogations, d'où la promotion de la parité... Sarkozy prône la discrimination positive du droit, il instaure de manière totalement artificielle une sorte de clergé musulman qui est d'ailleurs très problématique (parce que justement ce n'est pas organisé comme cela au niveau de la religion elle-même). Il est davantage ministre des cultes qu'il est ministre de l'intérieur. Le Président de la République, lui, ne manque jamais une occasion de montrer qu'il participe à des offices religieux en tant que tels. On dépense une fortune pour envoyer le premier ministre et Madame la Présidente, voilée en plus, au Vatican pour assister à la béatification de je ne sais pas qui. Je trouve cela effarant. Il y a une violation ouverte, visible, ostensible et ostentatoire de la laïcité et c'est ceux-là même qui nous donnent des leçons de laïcité? Ce qu'il faut dénoncer (ce que l'on fait depuis longtemps à la Libre Pensée notamment en ce qui concerne les réformes de l'école), c'est la dictature des experts, ce qu'on appelle la technocratie. C'est d'ailleurs ce qui gangrène la construction européenne. Cette construction est faite par des technocrates qui tiennent les peuples pour des enfants qui, quand on les laisse livrés à eux-mêmes, se font la guerre. Alors qu'évidemment, on sait très bien que dans les guerres, on envoie les gens se faire tuer au service de ceux qui s'entendent très bien entre eux pour leurs propres intérêts. Ces gens-là disent: les peuples sont des enfants, donc, on va leur construire un carcan pour qu'ils se tiennent tranquille. C'est insupportable. Ce qui est curieux, c'est que des gens qui violent ouvertement la laïcité se réclament ensuite de la laïcité, c'est énorme. Pourquoi on ne leur rit pas au nez? Je pense qu'il y a quand même une grande partie de la population qui doit se rendre compte de cette imposture.

Yves: Je vais rappeler une évidence mais on vit dans une République antidémocratique. La Vème République est le système le plus antidémocratique que la France ait connu après celui de Pétain. Or, laïcité et démocratie sont forcément liées. Le rétablissement de la laïcité dans ce pays va de pair avec l'abrogation des institutions de la Vème République. Le problème qui est posé  au bout du compte, c'est la bataille que nous menons pour le rétablissement  de la laïcité dans ce pays et donc, de la démocratie. Qu'est-ce que nous proposons? Au point de départ, nous existons, c'est déjà une bonne chose, c'est fondamental. Tous les gouvernements qui ont défilé dans le cadre de la Vème République avaient décidé de liquider la laïcité. En dehors de notre organisation, toutes les autres organisations se réclamant de la laïcité ont disparu ou ont abandonné cette bataille. Notre organisation existe, elle s'est renforcée. Ce qui prouve qu'il y a une résistance. A partir de là, que faisons-nous? On a les moyens de pouvoir exiger le maintien de ce que la Libre Pensée a acquis en 1905. Cette continuité" a perduré même si à un moment donné, elle était extrêmement ténue, mais elle a perduré. Maintenant, toute cette bataille historique doit se poursuivre et je pense qu'on a suffisamment d'initiatives dans notre organisation pour pouvoir y arriver.

Jean-Claude: Actuellement, la Vème République liquide la Nation. Au point de vue économique, c'est la destruction de la production industrielle, du monde agricole, de l'enseignement qui est un des piliers de la culture d'un pays et de sa démocratie. Dans tout cela, il y a un travail de fossoyeur de tout ce qui faisait les valeurs de la République. Aujourd'hui, on est complètement attelé, presque intégré dans le cadre européen, où c'est l'argent qui commande tout. Comment lutter, comment réagir par rapport à ces nouvelles étapes de destruction? C'est extrêmement difficile. C'est en même temps lutter contre ce projet, le dénoncer, demander le respect  de la laïcité telle qu'elle était déjà définie. Ce n'est pas la peine de refaire une loi qui existe déjà. Il faut défendre la République. La partie est difficile dans ce cadre européen. Il va y avoir des élections régionales bientôt, cela va se déchaîner dans tourtes les régions de France pour aller encore plus dans l'Europe, encore plus vers la laïcité ouverte, vers la mondialisation. La mondialisation, l'aspect économique, c'est la base, le soubassement de tout ce qui nous préoccupe. S'il y avait une activité économique extrêmement soutenue, s'il n'y avait pas cette armée de trois à quatre millions de chômeurs, on verrait les choses autrement. Aujourd'hui, c'est chacun pour soi. Je ne suis pas pessimiste sur le fond, autrement il y a longtemps que j'aurai abandonné tout combat aussi bien politique qu'à la Libre Pensée. Mais il faut reconnaître qu'aujourd'hui on est plutôt malmenés. La France est largement à droite, la droite classique, les centre-droite. Globalement, la France est à 80% à droite. Et les 20% qui restent qu'est-ce-que c'est? Ce n'est pas du tout du progressisme et du socialisme au sens humaniste. Il faut dénoncer tout cela et en même temps, dénoncer la Vème République. Il faut changer de constitution, de République. Il n'y a rien à espérer de cette République-là qui est en train de couler la France, de la démanteler, de la livrer à lEurope à travers des régions dans lesquelles c'est le communautarisme à fond... Ma proposition, c'est que l'année prochaine, nous sommes en 2005, c'est le centenaire. Donc on a des places à prendre en tant que libres penseurs. On a vu comment se passait le Forum des Associations, on a eu des contacts avec la mairie. Je crois qu'il faut travailler dans ce sens là, parce que l'on doit être au premier rang dans cette affaire-là. Ce n'est pas un problème de gauche ou de droite, nous sommes des laïques, libres penseurs, républicains. Ni gauche, ni droite surtout pour qu'on puisse être partout. On est chacun dans différentes associations, on a des possibilités et il faut penser déjà à cela.

Gérard: Christian nous a expliqué le mois dernier, quand il a décortiqué le problème de la constitution européenne, qu'il y avait un article, celui concernant le droit à la liberté de conscience. Cet article précise que ce droit entraîne celui d'exprimer en public ses opinions politiques, religieuses... ainsi que l'accomplissement des rites. Ceci est un vrai coup de grâce à la laïcité, à une éventuelle loi, même si elle avait été bien faite. Si cette constitution est adoptée, cette loi serait attaquée immédiatement. Cela prendra 4, 5 ans en passant par le Conseil d'Etat,  et en dernier ressort par la cour de justice européenne. Alors, il est clair que: la kippa, c'est un rite; le voile, c'est un rite; il n'y a que la croix qui ne soit pas un rite. Mais cela sera autorisé puisqu'on a le droit en public d'exprimer ses convictions. Je voudrais donc rappeler qu'au dessus du débat qu'on a mené, il y a une menace qui est plus qu'évidente et qui risque très fort de tout balayer. Parce qu'il ne faut pas enterrer ce projet, que certains enterrent déjà. Cela prendra le temps que cela prendra mais ça passera. Ils finiront par se mettre d'accord. Ils n'auront peut-être pas tout ce qu'ils auraient souhaité mais je reste persuadé que ça passera avec quasiment aucune modification.

Christian: Je suis d'accord sur la perspective d'une action forte en 2005. Je crois que l'on ne mesure pas toujours l'influence que l'on peut avoir, par exemple lors du rassemblement du 20 septembre auquel la Libre Pensée a pris une place extrêmement importante pour la défense de la République. Cette manifestation était liée à la notion de la laïcité par le biais de la constitution. Le rassemblement du mois de décembre organisé par la Libre Pensée française et anglaise a également été important. Je ne dis pas que c'est cela qui a fait reculer sur la question de la constitution européenne mais je pense que cela a pesé, que cela pèse. Il y a beaucoup d'autres choses qui ont pesé, mais je crois que c'est dans cette voie qu'il faut aller. Pour 2005, c'est extrêmement important d'être présents. Il y aura le congrès mondial à Paris, il faut y travailler dès maintenant.

Jean-Marc: La commission Stasi tient pour acquis la collusion qu'il y a entre liberté religieuse et cléricalisme. Par exemple la loi Jospin dit dans son article 10 que le port d'insignes religieux par des élèves n'est pas en lui-même un problème. Dans mon lycée par exemple, il y avait un élève qui était travaillé par des islamistes et qui voulait faire porter le voile à ses copines musulmanes.

Nicole: L'idée implicite de la société est: évitons les conflits. Est-ce en essayant d'absorber toutes les contradictions qu'il n'y aura plus de bagarres? Les tentatives sont fortes pour faire disparaître la lutte des classes. Rien que le fait d'affirmer "il y a lutte des classes" rien que le mot "lutte" fait qu'on vous répond "voilà pourquoi il y a des bagarres". Or, ce n'est pas parce que l'on reconnaît qu'il y an des luttes des classes et des intérêts divergents, qu'il y a des bagarres. En niant la lutte, en mettant tout le monde dans le même pot, et en affirmant "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" on a l'impression que les problèmes sont résolus. C'est faux, au contraire: parce que la frustration va rester inconsciente avec un ressentiment énorme de culpabilité: "si je ne fais pas ci, si tu ne fais pas ça, tu vas détruire le bel équilibre qu'il y a autour de toi".

Yves: Quelle est la différence entre la démocratie "tout court" et la démocratie participative? C'est qu'en fait, la démocratie "tout court" reconnaît l'existence d'intérêts opposés voire contradictoires. La démocratie participative, c'est ce qui vient d'être décrit, en principe, on a  le droit de tout dire du moment que le cadre reste dicté par certains. Il y a quand même un problème puisque chacun sait qu'ils ont fermé des classes, or on part d'un principe simple: pour enseigner, il faut des classes et des professeurs. Dans la démocratie participative, il n'y a pas de représentation politique. C'est cela qui est extrêmement grave. Ce qui est le plus dramatique, ce n'est pas que ceux qui sont sensés défendre nos intérêts sont un peu dans ce système. Tant qu'on vous met une structure corporatiste en place et qu'on vous dit: "vous allez bavardez, vous organisez", bon. Mais à partir du moment où vous avez un syndicat qui dit "il faut aller dedans pour faire en sorte que ça aille mieux, c'est une question. Puisque à partir de ce moment-là, chacun sait que les acquis sociaux ont été forgés sur une base qui est la négociation. La loi du 11 février 1950 sur les négociations a été suspendue par Delors. Il y a donc un élément de la démocratie qui a disparu et  qui est fondamental. C'est même plus grave que ça parce que les négociations, c'est ce qui caractérise les organisations syndicales qui sont en droit de pouvoir négocier. A partir du moment où on supprime une loi sur les négociations, ça veut dire: vous n'avez plus le droit de négocier. Ca veut dire qu'on vous dit: l'organisation que vous avez mise en place, voilà à quoi elle va servir. C'est une bataille d'existence. Quand, en tant que responsable syndical, vous dites: moi, je dois aller négocier parce que j'ai des intérêts qui ne sont pas les vôtres et je tiens à négocier sur les intérêts. Quand les syndicats disent: la santé n'est pas une marchandise, on n'a pas à la négocier. On a à cogérer. C'est un fait dans les réunions, les choses sont établies et on va discuter du "comment".

Renée: Il n'y a plus de contrat collectif. C'est ce qui est écrit dans le Rerum Novarum. Il n'y a pas de juste salaire, on paye selon les mérites, c'est le salaire par individu. Plus de contrats collectifs, plus de conventions collectives, plus de statut.

Pierre: Vouloir faire une loi alors que la loi en cours n'était pas respectée, c'était peut-être entrer dans un piège assez dangereux, aboutissant à une redéfinition de la laïcité qui ne serait pas conforme à nos valeurs, à nos idéaux. Lors du congrès de Marseille, j'ai retiré mon amendement suite à l'intervention du secrétaire général qui a dit que l'on avait au la garantie que la Libre Pensée serait auditionnée, ce qui est vrai d'ailleurs, et qu'il y avait un membre dans la commission Stasi qui, si il y avait des dérives graves, ferait un éclat pour dénoncer la chose. Cet éclat n'a pas eu lieu. Il y a eu seulement une abstention au moment de l'adoption du rapport. On ne sait pas qui s'est abstenu, peut-être Henri Pena Ruiz? En tout cas, je l'ai entendu, j'admire beaucoup ses analyses, défendre ce rapport sur France Culture, il trouve que c'est un texte très bien. Je trouve au contraire que ce texte n'est pas bien du tout. Texte dans lequel, d'ailleurs, les analyses antérieures de Pena Ruiz sont désavouées dans plein de passages. Je regrette en fait d'avoir retiré mon amendement. Je l'ai fait parce que je me suis dit qu'effectivement c'était bien qu'on puisse être écouté. J'aurai dû m'obstiner, quitte à créer un incident dans le congrès en maintenant mon amendement. D'ailleurs j'aurai l'occasion de le dire. La Libre Pensée a été auditionnée comme la Ligue des Droits de l'Homme, Monseigneur Lustiger, un principal de collège, un inspecteur principal de police, Jean Glavany du PS..., la liste est impressionnante. Tout cela a été publié régulièrement sur le site  internet du service public. On peut retrouver les textes de toutes les interventions. La Raison a publié les interventions de Jo Salamero, Christian Eyschen. Le problème c'est que la commission fait ce qu'elle veut. Elle entend tout le monde, elle a même contacté des professeurs pour faire réfléchir les élèves sur la laïcité et 250 lycéens, collégiens ont été auditionnés par la commission pour dire ce qu'ils en pensaient. Le résultat, on le connaît maintenant.

Christian: Ce sont les méthodes des sondages d'opinion.

Pierre: C'est le grand débat sur l'école.

Christian: Dans le compte-rendu de la Raison, ils le disent: "Ce rapport reflète la composition hétérogène de la commission, il est donc au hachis parmentier ce que sont les lasagnes à la cuisine: des couches successives d'opinions diverses et contradictoires".

Pierre: Dans le quatre pages, ils s'amusent à souligner les contradictions. Dans le rapport, ils écrivent une chose et son contraire. On renoue les relations avec le Vatican en 1924, elles ont été coupées en 1906. Le concordat n'avait pas rétabli les relations avec le pape, c'était un compromis entre les deux autorités. En 1906, il y a eu rupture des relations diplomatiques avec le Vatican par la 3ème République à la suite de la loi. Le pape a fait une encyclique "Nos Veementer" condamnant la loi de 1905, de même qu'il y en a une condamnant les Droits de l'Homme. En 1924, c'est grâce à l'Union Sacrée que les relations ont été rétablies.

Maurice: Dans une émission télévisée qui a lieu tous les premiers dimanches de chaque mois, ils ont montré la construction de la mosquée de Strasbourg. Le cultuel est mélangé avec le culturel par la construction de la bibliothèque. C'est le déguisement des fonds publics qui vont vers la mosquée. Le fait grave aujourd'hui, c'est que tout le monde paye des impôts pour ça. La mise en place de la responsabilité de toute l'organisation est chapeautée par la démocratie chrétienne. On arrive aujourd'hui à ce système qu'en 20 ans on peut dire que de 3 millions d'exploitations on arrive à 700000 maintenant. On a dans le même temps multiplié le nombre de fonctionnaires par 3. Dans l'enseignement, si on va diminuer la qualité de l'enseignement, o va augmenter le nombre de fonctionnaires ecclésiastiques. C'est une combine bien tournée. Dans l'agriculture on est dans un mur. Sur la laïcité ouverte que l'on a comparé au système gouvernemental au Liban où on choisit le Président, le ministre selon leur religion, on a vu ce qui est arrivé. Si on ne trouve pas un gars d'aplomb dans la religion dominante, on a un crétin qui nous gouverne.

Jean-Claude: C'est une montagne où on est complètement écrasé. Actuellement, la société française est en pleine déliquescence que ce soit politique, morale, philosophique, économique et faire semblant de tenir des discussions démocratiques autour d'une table, c'est se livrer pieds et poings liés à la puissance dirigeante qui est le fric avant tout. C'est la trinité habituelle le sabre, le goupillon et le fric. Ce n'est qu'un semblant de démocratie, ce n'est surtout pas de la démocratie, ce n'est même pas un semblant. Mais le drame, c'est qu'aujourd'hui on va trouver des milliers, des millions de français qui vont penser que ça au moins, c'est démocratique. On a consulté tout le monde, et on va pouvoir prendre une décision ensemble quasi unanime sans être chapeauté par un parti politique, par un pouvoir politique... On va donner cette illusion. C'est dramatique. En fait, c'est vouloir généraliser les privilèges que pouvaient avoir les ressortissants d'une certaine religion. Affirmer qu'on va nous mettre sur e même pied d'égalité, c'est en fait une machine de guerre obscurantiste contre la laïcité, la libre pensée, le libre arbitre de chacun en responsable citoyen d'une République Une et Indivisible. C'est vraiment une machine de guerre monstrueuse que l'on met en place, et le pire c'est qu'on la met en place avec l'assentiment populaire. Pierre a failli poser un amendement au congrès de la LP, il aurait fallu le faire parce qu'on ne doit surtout pas participer à ça. On ne peut que le dénoncer. Y participer et participer à la discussion alors qu'on est complètement noyés, c'est cautionner. Il vaudrait mieux dire qu'il y a une loi pour la laïcité depuis 1905, qu'on l'applique enfin et qu'on abroge toutes les mesures qui ont été prises depuis 1945 contre l'application même de la loi qui prévoyait un certain nombre de choses. Personnellement, je préfère ne pas être dans ce magma et être à côté même si on dit qu'on est super minoritaire, que l'on n'est plus entendu par personne. On ne changera rien en participant, on ne fait que cautionner tellement c'est grossier. De cette manière on élargit l'obscurantisme global de la société française, occidentale...

Le fer de lance des religieux, c'est la laïcité ouverte et l'instruction publique ouverte aux religieux, le financement public à des écoles privées, majoritairement confessionnelles. Les décennies qui se sont écoulées nous donnent la démonstration qu'on a affaibli considérablement l'école publique qui n'a plus rien de publique, qui est complètement ouverte au privé, aux confessions. Ayant pris des dispositions législatives pour les financer sous prétexte d'un pseudo contrat, en fait, c'est un financement direct. En même temps que l'on finançait du privé confessionnel, on a affaibli l'école publique qui aujourd'hui est un bateau qui prend l'eau partout. On a développer là encore l'obscurantisme de l'enseignement en le finançant avec des tas de prétextes contre un enseignement public large, ouvert à tout le monde et égal. Là, on développe avec ces nouvelles mesures qui se préparent l'obscurantisme global de la société française en nous noyant dans l'Europe qui est déjà larguée de ce point de vue là. On est complètement débordés. Que peut-on faire? Le dénoncer. Mais participer en disant on va demander à améliorer les choses, on n'arrivera à rien du tout comme ça. En fait, la loi de 1905 est bonne, très bonne. Notre action progressiste, humaniste doit être d'en demander, d'en exiger l'application intégrale. Exiger la suppression du statut d'exception anti-républicain d'Alsace-Moselle comme la suppression de toutes les réformes révisionnistes imposées (péténistes et des Ivème et Vème Républiques) ou votées depuis 1905, pour affaiblir, dénaturer ou annuler dans les faits la loi laïque, pilier essentiel de la République une et indivisible.

Alain: La difficulté, c'est qu'il y a un double discours. D'abord, le gouvernement donne une image de fermeté: non au foulard. C'est rassurant. Pour la laïcité: pas de foulard. C'est vraiment sécurisant comme discours. Les gens l'entendent. Et puis tout de suite à côté, il y a cette laïcité ouverte qui n'est pas perçue avec ses dangers parles gens qui nous entourent. C'est cela qui est dangereux. D'un côté, on croit que le gouvernement a une fermeté vis-à-vis de la laïcité en imposant un Etat laïque, par ce foulard qui cristallise tout, qui focalise toutes les attentions et de l'autre côté, on a cette laïcité ouverte. Je crois que si on veut dénoncer quelque chose c'est cela. L'article 10 de Jospin, j'ai du mal à croire cela. Je ne savais pas qu'il y avait un texte de loi qui était aussi ferme là-dessus.

Jean-Marc: L'article 10 est relativement vague mais c'est le Conseil d'Etat qui vient consolider cet article par son arrêt dans lequel il reconnaît le droit d'expression des religions. Pierre: Article 10: "Dans les collèges et les lycées, les élèves disposent, dans le respect du pluralisme et du principe de neutralité de la liberté d'information et de la liberté d'expression.

Jean--Marc: La loi Jospin, la mission Debré et la circulaire Jean Zay, ce sont des monuments. En quelques lignes, on a tout. Il faudrait prendre l'initiative de les diffuser. Au regard de l'article de presse que Pierre nous a cité, on constate que les membres de la commission Stasi sont des gens éminemment diplômés, ce que l'on appelle des intellectuels et on voit aussi parmi les noms des membres auditionnés de gens de très hautes responsabilités nationales. En aucun cas, on voit que ces gens-là sont mandatés par quelqu'un pour pouvoir parler. Ca pose un problème de légitimité fondamental. Au nom de qui parlent-ils? On remarque aussi que "Monsieur Dupont", sans diplôme, ne s'exprime jamais dans ce document. Je dirai qu'il y a une confiscation de la parole, de l'idée et de l'idéologie par des gens qui sont surdiplômés et je trouve cela parfaitement scandaleux. Au niveau de la composition, cette commission n'est absolument pas le reflet de la population française. Concernant le Liban, c'est un pays très intéressant. Il a été dit à une certaine époque que le Liban était un pays de tolérance où les gens vivaient harmonieusement les uns avec les autres. Finalement, la guerre civile est intervenue dans ce malheureux pays, qui a déchiré les libanais entre eux et on a vu les communautés religieuses s'affronter. Il y avait une communauté religieuse dominante qui était les chrétiens maronites. Ils détenaient le pouvoir politique et économique. Ensuite, se trouvaient les musulmans qui étaient dépendants des chrétiens. Il y a un parallèle à faire entre le communautarisme religieux et la domination des classes sociales les unes par rapport aux autres. Le Liban est un exemple mais on peut aussi penser à l'Algérie coloniale. La laïcité renvoie à une conception de l'Etat, Christian l'a rappelé. C'est l'article 1 des Droits de l'Homme et du citoyen: les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit. Ce qui veut dire alors que la République est une et indivisible et que la liberté de conscience, première liberté, doit être assurée, ce qui fait que l'Etat doit être laïque. En prônant la laïcité ouverte, en reconnaissant la juxtaposition des communautés religieuses, on remet aussi en cause la conception de l'Etat qui est une conception moderne issue de la Révolution française. Je dirais que la Commission Stasi est proprement scandaleuse. C'est parfaitement factieux, ce sont des putchistes qui remettent en cause deux siècles d'histoire, de progrès social et politique. Ce sont des révisionnistes.

Christian: Peut-être que la fédération nationale s'est un peu faite abuser par Henri Pena Ruiz. Je comprends que dans certaines circonstances, on fasse un compromis. J'ai assisté au rassemblement pour la laïcité en Europe, juste avant que la constitution européenne soit mise "au congélateur", qui a rassemblé 11 ou 12 pays différents avec 32 ou 33 associations différentes. C'était sur un compromis qui demandait l'abrogation de l'article 50 du projet de constitution qui prônait la liberté religieuse. Là, je comprends, on est avec des associations diverses qui ont des histoires différentes, je comprends que l'on intervienne en commun sur un point commun pour taper sur le même clou. Si on faisait sauter l'article 50 du projet de constitution, on faisait sauter en même temps d'autres articles qui faisaient référence à cela, donc en fait, la reconnaissance de la conception cléricale de la constitution européenne aurait reçu un coup. Par contre, je ne comprends pas bien effectivement comment on peut se laisser piéger par une telle commission. Pour répondre à la question de savoir ce que l'on peut faire, j'ai acheté le journal qu'a publié l'IRELP, "Contribution à l'histoire de la loi de 1905", pour lequel il y a des camarades qui vont dans les archives départementales et qui cherchent des documents. Il y a une autre méthode que de faire une commission, c'est ce qu'avait fait Jean Macé, journaliste républicain, professeur en Alsace et qui a créé la ligue de l'enseignement en octobre 1866, avec un sergent de ville, un cheminot, qui se lancent dans le regroupement de tous ceux qui veulent contribuer à l'instruction publique. Ils ont créé la Ligue de l'Enseignement. En un an, ils ont eu 5000 adhérents dans 72 départements. Ils ont créé des bibliothèques, des centres d'apprentissage pour les jeunes filles... et sur quoi se sont-ils fondés pour démarrer ça? Ils se sont fondés sur une pétition. Dans cette pétition, ils expliquaient la nécessité de l'instruction publique obligatoire, gratuite et laïque. Je pense que ça c'est la méthode démocratique: la pétition. Cela permet d'expliquer le contenu de la pétition. Ce n'est pas une pétition qu'on signe à la sauvette. Là, c'était une pétition "Pour l'instruction gratuite et obligatoire pour les enfants des deux sexes, chaque adhérent sera invité à appuyer sa signature par le versement d'un sou. Cette cotisation sibylline pour chacun aura deux effets. Elle donnera aux signatures un caractère plus sérieux et couvrira les frais d'impression et de propagande". Je crois que, face aux commissions bidons d'aujourd'hui, c'est à cela qu'il faut revenir. Expliquer autour de nous, faire comprendre. Sur la question de la laïcité ouverte, c'est vrai que beaucoup se laissent abuser même si beaucoup râlent. !Il n'y a pas un parent d'élève qui ne râle pas parce que son enfant n'apprend plus rien à l'école. Il y a au moins 3 instituteurs sur 4 qui en ont assez des projets bidons. On nous envoie des intervenants extérieurs qui n'y connaissent rien. Tout le monde rale sauf 2-3 illuminés qui y croient encore. Cependant, l'explication c'est peut-être à nous de la donner. Expliquer d'où vient le mal. Parce que la propagande officielle dit que les enfants ne veulent plus travailler, les conditions de vie sont telles que les parents ne s'occupent plus de leur gosse, plus personne ne veut rien faire... Or le mal vient de ces lois qui autorisent le laxisme. Des lois qui déréglementent l'école. Aujourd'hui pour enseigner quelque chose, il faut s'accrocher. Pour qu'un élève apprenne, il faut qu'il s'accroche y compris contre ses propres copains. Trois élèves dans une classe de 35 qui font le bazar n'ont pratiquement plus de sanctions, ils cassent une classe. Si le professeur est un peu trop "méchant", on va se plaindre au-dessus. Je crois qu'il faut que nous expliquions d'où vient le mal. Il ne vient pas de ce que les élèves ne veulent pas apprendre. Je crois que les hommes sont naturellement curieux. Ils peuvent être intéressés.

A titre de conclusion: comment agir pour défendre la laïcité ?

Renée: Nous devons défendre ce que nous avons gagné. La situation est difficile. Dans la conscience humaine, dans la jeunesse, pour tous ceux qui sont nés avec Maastricht, il y a une ignorance. Les reculs sont importants pour tous les domaines et partout. Nous devons exiger le retour à la loi de 1905, l'abrogation des lois antilaïques. La loi de 1905 assure la liberté de conscience.

Jean Claude: On peut toujours couper les cheveux en quatre, la solution c'est l'application de la loi de 1905, la suppression de l'exception d'Alsace-moselle. C'est applicable dans de nombreux pays.

Alain: Je propose une solution pour mettre en "pratique" ce que nous disons: la laïcité se veut mondiale, comme l'esperanto, pourquoi ne pas traduire la résolution qui sortira de cette question à l'étude en espéranto et la  diffuser dans de nombreux pays?

Pierre: Il faut refuser le ghetto dans lequel on enferme la république et la laïcité en disant que c'est une exception. Nous ne devrions peut-être plus reprendre à notre compte le terme d'exception. L'exception c'est le Concordat. Il faut avoir une laïcité de combat. Nous sommes dans une construction historique.

Maurice: Je vois un défaut à la loi de 1905, c'est qu'il n'y est pas prévu de sanctions pour sa non-application !

Cécile: Ce qui me choque, c'est que chacun met dans le mot laïcité ce qu'il veut. Il me semble que notre travail passe par l'explication de ce principe. Inutile de parler de laïcité "plurielle" ou "ouverte".

Gérard: Dans l'espéranto, on trouve de tout: des religieux, des gens de droite... Par contre, si la Libre pensée avait un site bien fait avec un article en espéranto sur la laïcité, ce serait bien. Nous pourrions faire passer dans les revues espérantistes l'information disant qu'il existe un site de la LP en espéranto.

Alain: Au jour où l'on voit tant de guerres, il faut trouver un moyen contre ces massacres. Le moyen c'est la laïcité. Il faut présenter la laïcité comme constructeur de paix. Il ne faut pas en faire une spécificité française mais universelle, dépasser les frontières. Il faut affirmer nos valeurs d'une façon sereine mais combative.

Gérard: Il existe l'IHEU dont la LP est membre, connue des grandes institutions, il faut s'en servir.

Pierre: L'exceptionnel en France, c'est qu'elle est munie d'un outil avec une méthode de recherche de la vérité qui est la liberté de penser. Cette méthode peut-être utilisée partout. Plutôt que de dire: "on impose la laïcité à la française aux autres pays, on devrait dire: - les Français ont inventé cet outil pour pratiquer la laïcité, chaque pays peut en faire de même."

Christian: La loi de 1905 a une valeur universelle : la liberté de conscience, celle-ci implique la séparation. C'est par des combats qu'on arrive. Par exemple en Irlande, la bagarre pour la liberté d'avortement c'est un combat pour la laïcité. A u Portugal, les laïques ne voient pas la façon d'avancer avec la monarchie vers une République. La base c'est la liberté de conscience, la séparation. Les combats sont particuliers à chaque pays. Nous aussi, c'est de cette manière que nous pouvons défendre la laïcité: ne pas l'imposer aux autres pays, mais montrer que la liberté de conscience est universelle.

Alain: La LP n'a pas l'image de ce combat pour la liberté de conscience. Nous sommes laïques, donc nous sommes bouffeurs de curés... Dans l'esprit des gens, c'est cela, pour eux nos combats ne sont pas clairs.

Jean Claude: La liberté de conscience existait avant les religions. C'est le fondement humain. Où est la liberté de conscience des croyants? Pour eux, il y a un problème. Il faudrait demander que la synthèse soit traduite en espéranto et en anglais.

Maurice: Avant, un travail agricole n'était donné qu'aux élèves qui sortaient du privé. Avec les subventions publiques au privé, on revient à cela.

Jean Marc: On regrette que la laïcité ne soit pas rayonnante, mais en France, l'immense majorité de la population est laïque. Malgré les efforts de l'Eglise, elle n'a jamais réussi à éliminer ce fait.

Pierre: Il serait intéressant de prendre les constitutions des autres pays européens et de regarder ce que donnerait la loi de 1905 dans ces institutions.

La liberté de conscience ne peut se réduire à la liberté religieuse. C'est la liberté de croire , de ne pas croire, d'être indifférent.

Ce qui est important dans la loi de 1905, c'est qu'elle ne s'occupe pas des religions, mais des cultes. S'il y a la loi, c'est parce que la religion pose un problème politique: faire qu'il puisse y avoir des cultes sans qu'ils soient dangereux pour la liberté de conscience. La loi de 1905 organise les cultes pour préserver  la  République. La séparation, c'est la protection de ceux qui veulent penser librement.

Alain: Celui qui a la foi dit: je suis libre de croire. L'homme est un chercheur, il faut donc éviter de jeter des anathèmes, d'agresser ceux qui croient. Attention, la laïcité ne doit pas être dogmatique.

Renée: La laïcité c'est l'aboutissement de plusieurs siècles de combat. On peut prendre la Constitution des autres pays, mais ils n'ont pas eu les mêmes combats. L'atteinte à la laïcité, c'est l'atteinte à tous ces combats. La laïcité c'est très pratique: plus de code du travail, plus de laïcité. La liberté de conscience est une affaire privée, mais avec le salaire au mérité, il n'y a plus de laïcité possible. La laïcité c'est aussi l'égalité des droits.

Jean Claude: Notre vie d'aujourd'hui, c'est un combat. Enseigner les faits religieux, c'est enseigner les génocides au nom de la religion. Au même titre que cacher les conflits économiques actuels derrière les conflits religieux. Nous souhaitons un monde pacifiste, humaniste. La laïcité ne veut pas dire athéisme. Ce n'est pas un pouvoir religieux qui doit imposer ces vues dans un pays. La discussion peut-être difficile, mais c'est un échange. On peut être dur dans nos propos, mais seule la laïcité est un pilier d'une vie en commun et sereine.

Gérard: Ne mélange t-on pas : la liberté de conscience -  pas de contrainte de changer d'avis ?

- la laïcité : "refus de l'intrusion de la religion dans les rouages de l'Etat"

- l'anticléricalisme : "lutte ouverte intellectuelle contre les religions

La liberté de conscience n'est pas suffisante.

Jean Marc: C'est vrai, la liberté de conscience n'est pas suffisante car la laïcité reconnaît des individus. Elle conforte le principe de paix.

Pierre: Certes, la liberté de conscience n'est pas suffisante, mais sans elle, rien n'est possible. C'est l'achèvement. Le poids de l'Histoire est énorme. Dans les religions, il y a négation de l'Histoire parce qu'on ne tient pas compte de l'histoire des combats émancipateurs. Actuellement, on le voit bien  avec l'Islam. Au coeur de toutes les religions, il y a ceci: l'Histoire humaine ne compte pas.

Maurice: On a l' aversion de l'Eglise quand elle prend un pouvoir économique.

Cécile: La laïcité, les philosophes, c'est une spécificité française. Ce qu'il faut monter, c'est que la laïcité, c'est l'émancipation. C'est un facteur d'unité et d'universalité. Il faut expliquer notre histoire pour faire comprendre l'émancipation par la laïcité et d'où elle nous vient.

Pierre: Les femmes qui portent le voile disent: "je porte le voile parce que c'est ma liberté". Elles ne veulent pas voir que le port du voile, c'est la soumission, le port du voile heurte cette construction historique de la laïcité.

Cécile: Un événement révélateur: le tremblement de terre. On entend les croyants dire: "c'est grâce à Allah que je suis sauf". Mais on n'entendra jamais dire : c'est à cause d'Allah qu'il y a eu un tremblement de terre

Christian: Le mouvement intellectuel d'émancipation était européen, mais en France, c'est la révolution qui a permis de mettre en place la laïcité.

Gérard: Ils ont fait 1905, à nous de faire 2005.

Sylvie: Cette discussion qui conclut notre question à l'étude est intéressante car dans les discussions précédentes, nous avons parlé  de la laïcité et des problèmes que nous rencontrons en France. C'est intéressant de voir que lorsque l'on veut conclure, on parle de l'université de la laïcité. Je trouve que c'est une manière optimiste de parler de ce combat.

Jean Claude: C'est vrai, il ne faudrait pas oublier que nous devons nous battre actuellement d'abord en France face à toutes les attaques que subit ici la laïcité.

    Lien: retour à l'index