La FENÊTRE (Décembre 2003) , journal du DROIT HUMAIN                    Retour à la contribution de Joël

 

Compte rendu de la RENCONTRE organisée par

 

l’OBSERVATOIRE INTERNATIONAL de la LAÏCITÉ le 10 mai 2003

 

LAÏCITÉ ET ISLAM

 

 

But de cette séquence de travail entre respon­sables d'organisations militant pour la laïcité : mieux connaître les positionnements et établir avec objectivité les convergences et les différences d'appréciation entre les unes et les autres.

 

Les organisations membres de l'Observatoire International de la Laïcité [cinq obédiences maç :. en France (dont notre Fédération), le CALDEL (Mouvement Europe et Laïcité), le Comité Laïcité-République, la Fédération Humaniste  Européenne,  la  Ligue  de l'Enseignement et leurs invités : Délégués Départementaux de l'Education Nationale, Fédération Nationale de la Libre Pensée, Association des Libres Penseurs de France, Francs et franches camarades (FRANCAS), Association du Chevalier de la Barre, Alliance Humaniste Belge - Flandre et Bruxelles, ont abordé les problèmes liés :

-           à l'égalité des droits hommes - femmes,

-           aux communautés et communautarismes,

-           au contenu des accords conclus dans le cadre du Conseil des Organisation Musulmanes de France.

 

Le foulard - dit islamique - imposé aux femmes en fait des sous-citoyennes, des escla­ves, du fait de leur appartenance sexuelle. Deux voix discordantes s'élèvent, l'une pour dire que puisque ce voile consacre l'infériorité des femmes, c'est à elles de se battre pour ne pas se le laisser imposer  l'autre pour affirmer que, puisqu'elles se donnent des contraintes particu­lières, il est souhaitable qu'elles en soient les vic­times pour avoir envie de s'en débarrasser. Tous les autres participants constatent que le nombre de voiles s'accroît considérablement ces dernières années. Ils s'accordent pour dou­ter de la réelle liberté de choix annoncée ici ou là. Pour eux, il s'agit d'une stratégie mûrement pensée, bien entraînée, mise en place par les intégristes, zélateurs d'un islamisme conqué­rant, dans le but de créer le chaos dans notre société. Le voile sert à tester les réactions de la République et, en 1er, son système scolaire par le biais des lycées et facultés. Objectif: une prise de pouvoir socio et géopolitique. Des chercheurs adeptes de l'activisme clérical musulman étudient la façon de détourner et de contourner nos lois républicaines, de les débor­der. Ils prônent le respect des différences pour promouvoir leur communautarisme. La liberté d'expression religieuse réclamée doit leur per­mettre de détruire les fondements démocra­tiques français et de semer le doute en faisant l'amalgame entre «le droit à la différence  et « la différence des droits ». L’enrôlement de la jeunesse,  son  endoctrinement sont  une méthode déjà pratiquée dans le passé par des religions et des partis politiques totalitaires : les rassemblements de la jeunesse hitlérienne sont encore dans nos mémoires !... Ces jeunes endoctrinés remettent en cause les parents qui ne pratiquent pas, la mère qui sort de la cité, Reconnaissons que le travail de sape est faci­lité, dans l'Hexagone, par les responsables qui ont tendance à gérer les différences au lieu de les dépasser, de les transcender, apportant ainsi des arguments aux intégristes qui ont beau jeu de dénoncer l'injustice qui leur est faite à pro­pos des photos d'identité des femmes musul­manes alors qu'une religieuse catholique est, par dérogation, photographiée voilée pour sa carte nationale d'identité

 

Les intégristes savent utiliser nos lois pour les mettre au service de leur activisme.

Ainsi, depuis les années 1970-1980, ils créent des asso­ciations « loi 1901 » qui, sous couvert d'un accueil culturel des jeunes des banlieues défavo­risées, font du cultuel, avec les subventions municipales qu'ils n'oublient pas de solliciter. Ces associations « communautaristes » détrui­sent l'existant et sont en passe de nous déborder. Les fondamentalistes exploitent aussi l'arti­cle 10 de la loi du JO. 071989, loi d'orientation sur l'enseignement, pour tenter d'imposer le port du voile à l'école. Ils exigent le respect de la liberté d'expression et des cultures, respect qui ne permet pas tout :

-           S'il était interdit d'interdire le port du voile à l'école, au nom de quoi pourrait-on y inter­dire le port d'armes ?

-           L’anthropophagie existe encore dans quelques contrées, faut-il pour autant la généraliser ?

 

Les démocrates ne doivent pas se laisser donner mauvaise conscience, même Si les membres du Conseil d'Etat auxquels il est parfois fait appel pour régler le problème du voile à l'école ont souvent une formation «jésuitique », même Si des islamologues sont rompus à pervertir les lois actuelles. Mais l'action de ceux-ci n'aurait pas un tel impact si elle ne rencontrait pas un terreau favorable : les cités et leur lot de problèmes quotidiens.

Le chômage, plus fort qu'ailleurs; le commerce parallèle qui dévalorise les valeurs républicaines ; les discriminations qui favori­sent les revendications communautaires, tout ceci fait le lit de l'islamisme conquérant, dominateur, oppresseur.

La question sociale doit être posée prioritairement pour répondre aux revendications sociales. Une évolution profonde est indispensable : il y a là un vrai travail de terrain à faire. Ainsi il deviendra plus aisé d'éduquer. Le voile sera interdit en tant que tenue inappropriée, tout comme la casquette déjà bannie des établissements sco­laires. Objet de séduction pour certaines, pro­tection contre les agressions sexuelles pour d'autres, il ne peut être assimilé à une liberté locale. Faire évoluer les mentalités, rendre à la femme son statut d'être humain à part entière : hommes et femmes doivent appren­dre à vivre ensemble, dans le respect mutuel et la tolérance, à égalité de droits et de devoirs, dans le strict respect des Droits de l'Homme. Il faut  faire comprendre » et appuyer par des apprentissages pour rendre capable de s'arra­cher aux discriminations identitaires. Espace public/espace privé doivent être complète­ment séparés car la République reconnaît des citoyens et non des membres de communau­tés religieuses. La laïcité qui est, à la fois, un problème philosophique et un problème poli­tique, est libératrice.

 

L’esprit critique doit pouvoir s exercer dans le domaine religieux sans pour autant être diabo­lisé et taxé de racisme.

La liberté de conscience c'est: le droit d'avoir une religion, d'en changer ou de ne pas en avoir et de ne pas risquer la mort pour un problème d'apostasie.      

Progressivement il faut amener les musulmans à s'étudier de façon critique, à cesser d'oblité­rer les philosophes musulmans derrière le développement de l'islamisme et à les pousser

à étudier ce patrimoine philosophique isla­mique passé, en Espagne par exemple.

Pour les deux associations belges présentes à cette journée, la Constitution et les lois euro­péennes risquent - à terme - de supplanter les lois nationales.

Pourraient alors ce poser en France le problème de la liberté d'expression et celui du blasphème lequel permet de combat­tre ceux qui donnent leur opinion et critiquent une religion par exemple.

 Au secours, Voltaire, ils sont devenus fous!

 

Face aux islamistes dominateurs qui visent une universalité de conquête et dont les philoso­phes et sociologues sont présents dans les milieux enseignant et étudiant des universités européennes, nous devons nous attacher à tra­vailler dans le domaine de l'universel pour répondre à la question

-           Quelle est la dimension de l'homme ?

-           Serait-ce seulement Sa dimension cultuelle ?

Le problème de l'universel est au centre de la perception que nous avons de la République et de celle qu'en ont les islamistes.

L'Alliance Humaniste Belge propose de véri­fier, dans le passé, les interférences entre l'uni­versalité et la laïcité et de mettre les résultats de ses recherches à la disposition de l'Observatoire de la Laïcité.

Les laïcs doivent déterminer quel est aujourd'hui leur socle commun et créer des débats autour du monde républicain. Ils se doivent d'être une épine dans le pied des politiques.

Ils doivent connaître les zones faibles de leur adversaire et communiquer largement à pro­pos de leurs conceptions de la laïcité.

Ils doivent cesser de tergiverser et de faire preuve de populisme sympathique : il faut une certaine fermeté car l'hyper tolérance accroît sensiblement le communautarisme et le risque de baikanisation de l'Europe est grand.

La création de contacts internationaux par rapport à la laïcité est indispensable, contacts en Europe, bien sûr, mais aussi avec les autres pays méditerranéens.

Le progrès ou le recul de la laïcité passe en priorité par le statut de la femme en Europe (bien plus que dans les pays islamiques). Il faut donc oeuvrer pour toucher directement la popu­lation et faire descendre les idées dans la rue.

Parallèlement, pour éviter les échanges « lan­gue de bois » et être à même de lutter à armes égales, il faut que des laïcs juristes, universi­taires, spécialistes du droit, etc., de droite comme de gauche, travaillent sur le texte de la loi de 1905, la partie réglementaire, la jurisprudence et tous les problèmes actuels afin d'ouvrir le débat, de développer une argumentation et de gagner des convictions.

N'oublions jamais qu'une société a le droit qu'elle mérite !

Il faut que le débat s'installe afin d'empêcher le pourrissement de la situation.

 

Enfin la laïcité c'est le refus non seulement des dogmatismes reli­gieux, mais aussi économiques.

 

Il faut créer une dynamique de reconquête face aux systèmes mis en place par les islamistes, leurs cher­cheurs, les États soutiens, etc., et démontrer les principes porteurs de liberté qui fondent la Laïcité.